Les Eglises grecques minoritaires emportées par le tourbillon de la crise

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Les Eglises grecques minoritaires emportées par le tourbillon de la crise

21 mai 2012
Varsovie, le 21 mai (ENInews\Jonathan Luxmoore) – Les revenus de l'Eglise protestante grecque ont chuté de 40% au cours des douze derniers mois, après une diminution de 30% en 2010-2011. Les catholiques sont quant à eux pressurés par l'impôt. Le poids de l'Eglise orthodoxe reste massif dans ce pays ravagé par la crise.

« Une fiscalité lourde et un chômage élevé, qui s'ajoutent à toutes nos autres difficultés, nous précipitent vers la ruine », a déclaré Dimitrios Boukis, secrétaire général de l'Eglise évangélique grecque. Le paiement des retraites et les finances paroissiales sont affectés. Cette Eglise protestante compte vingt-neuf paroisses dans deux synodes régionaux en Grèce et d'autres communautés à l'étranger.

« Nous ne bénéficions d'aucun soutien de l'Etat et sommes complètement dépendants de nos membres. Nous manquons déjà de pasteurs, parce que nous ne pouvons pas les payer », a encore indiqué Dimitrios Boukis. « Les pasteurs que nous avons doivent s'occuper de tout parce que nous n'avons pas de quoi employer du personnel. Ainsi certaines paroisses se retrouveront-elles privées d'accompagnement spirituel. »

Solidarité hongroise

Le pasteur évangélique, membre du Comité central de la Conférence des Eglises européennes, s'exprimait au moment où le président Károlos Papoúlias tentait désespérément de persuader les milieux politiques grecs de former un gouvernement d'urgence. Le 6 mai en effet, plusieurs petites formations politiques radicales ont raflé les sièges au parlement, écrasant les deux principaux partis responsables de la mise en œuvre d'un rigoureux plan d'austérité.



Dans une interview accordée au correspondant d'ENInews le 14 mai, Dimitrios Boukis a indiqué que de jeunes chrétiens de l'Eglise réformée de Hongrie avaient fait une « modeste donation » en 2011 mais que ses appels à l'aide n'avaient suscité aucune réaction de la part des autres Eglises.



« J'ai expliqué nos problèmes lors d'entretiens avec des chrétiens en Europe et nous serions prêts à demander une assistance », a encore expliqué Dimitrios Boukis. « Mais malheureusement, cette crise n'a absolument pas favorisé la coopération œcuménique. Bien que des projets communs aient été menés au niveau local, les Eglises officielles n'ont pas saisi l'occasion. »

Discriminations des minoritaires

Le PASOK, parti d'opposition socialiste, qui n'a recueilli que 13% des voix lors des élections législatives du 6 mai, est devenu le 12 mai le troisième parti à échouer dans la formation d'une coalition, ce qui a contraint à des négociations d'urgence avec le président Papoúlias. Cependant, les analystes politiques estiment qu'il est peu probable que les factions politiques trouvent un terrain d'entente en Grèce. Le pays s'est engagé à réduire de façon radicale les salaires, les retraites et les emplois dans le secteur public en échange de deux plans de sauvetage d'un montant de 240 milliards d'euros financé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.


L'évêque Fragiskos Papamanolis, président de la Conférence épiscopale catholique de Grèce, a déclaré au Servizio Informazione Religiosa, à Rome, que les plans d'austérité conduisent la Grèce à la pauvreté. Il a indiqué que les impôts prélevés à l'Eglise catholique ont augmenté de 48% au cours de l'année passée, si bien que la plupart des diocèses se retrouvent dans l'incapacité de payer.



« Les gens n'ont rien à manger ici et nous n'avons plus rien à donner à ceux qui viennent frapper à notre porte », a affirmé l'évêque. Les quatre archidiocèses de son Eglise comptent 50 000 fidèles d'origine grecque et environ 150 000 fidèles d'origine étrangère. Les Eglises minoritaires se plaignent régulièrement de discriminations en Grèce, où l'Eglise orthodoxe grecque revendique traditionnellement l'adhésion de 97% des 10,4 millions d'habitants. (590 mots-ENI-12-F-0072-JMP)