Un général turc suspecté dans une affaire de meurtres de chrétiens

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Un général turc suspecté dans une affaire de meurtres de chrétiens

28 juin 2012
Varsovie, le 28 juin (ENInews/Jonathan Luxmoore) – Un ancien général de l'armée turque a été arrêté en lien avec le meurtre de trois chrétiens. Le général Hurşit Tolon aurait cherché à déstabiliser le pays, selon un article publié le 24 juin dans le quotidien turc Zaman.

L'arrestation du général Tolon est intervenue en raison de soupçons portant sur son appartenance à un groupe clandestin de l'armée turque suspecté de préparer un travail de sape contre le gouvernement en «instaurant le chaos et le malaise».

Le journal a indiqué que le général est l'une des 19 personnes accusées d'implication dans le meurtre de trois protestants en avril 2007, dans une maison d'édition chrétienne de Malatya, dans le sud-est de l'Anatolie. Les arrestations sont intervenues après la découverte de documents relatifs à la préparation de ces assassinats dans une base navale toute proche.

Le ministère public devrait en outre déposer une plainte pénale contre le général pour ses liens présumés avec l'assassinat par balles d'un prêtre catholique romain d'origine italienne en février 2006, le père Andrea Santoro, dans son église de Trabzon, indique le journal Zaman.



Bloquer l'adhésion de la Turquie

Le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan négocie l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne (UE) depuis 2005, mais il se heurte à une opposition motivée par des plaintes pour discrimination émanant des minorités ethniques et religieuses. Le groupe ultranationaliste du général Tolon aurait eu pour objectif de bloquer l'adhésion de la Turquie, dont la majeure partie des 71 millions d'habitants sont musulmans sunnites, en montrant que le pays est trop instable pour satisfaire aux critères de l'UE. 



Selon le quotidien Zaman, un colonel à la retraite, un commandant de police et un théologien musulman sont poursuivis aux côtés du général dans cette affaire de meurtres et pour «établissement d'une organisation terroriste». Ils sont par ailleurs accusés d'avoir «œuvré au renversement du gouvernement».

Le journal indique que l'accusation fait état de documents militaires décrivant les assassinats de Malatya et de Trabzon comme des «opérations». Pour Zaman, l'objectif visant à «établir le chaos dans la société» a échoué car «de larges pans de la société ont protesté par des manifestations de masse contre les assassinats.»

Crainte de nouvelles agressions contre des chrétiens

Le quotidien turc affirme qu'en cas de libération des 19 accusés dans le cadre des dispositions actuelles du Code pénal, il est à craindre que les agressions ciblant des chrétiens reprennent.

En février, le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, dont le siège est à Istanbul, est devenu le premier responsable religieux non musulman à être consulté au sujet d'un projet de réforme constitutionnelle. A cette occasion, il a prononcé un discours afin d'attirer l'attention sur les «souffrances et les difficultés» que connaissent les groupes religieux minoritaires.


Les responsables chrétiens se plaignent régulièrement de la lenteur à laquelle progressent les enquêtes sur les agressions de chrétiens, y compris les assassinats de 2007. L'un des derniers incidents en date est l'assassinat, en juin 2010, de l'évêque Luigi Padovese, ancien président de la Conférence épiscopale (catholique romaine) de Turquie, dans la ville d'Iskenderun, dans le sud du pays. (528 mots-ENI-12-F-0093-JMP)