Jeûner ou ne pas jeûner: le dilemme des athlètes musulmans aux Jeux olympiques

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Jeûner ou ne pas jeûner: le dilemme des athlètes musulmans aux Jeux olympiques

27 juillet 2012
Londres, le 27 juillet (ENInews\Trevor Grundy) – Plusieurs sportifs musulmans qui évoluent au plus haut niveau dans les compétitions mondiales ont annoncé qu'ils reporteraient le début de leur jeûne du ramadan cette année. En effet, les Jeux olympiques de Londres commencent aujourd'hui 27 juillet et durent jusqu'au 12 août. Soit pile pendant le mois saint de l'islam.

Au cours du ramadan, les musulmans du monde entier s'abstiennent de manger, de boire et d'avoir des relations sexuelles pendant la journée. Trois mille musulmans participant aux Jeux olympiques sont concernés. Mo Farah, 29 ans, est un coureur de fond britannique d'origine somalienne, actuel champion du monde du 5 000 mètres. Sa décision est prise: le ramadan commencera à la fin des Jeux.

Mohamed Sbihi, sportif de 24 ans d'origine marocaine, fait partie de l'équipe britannique d'aviron. Il compte offrir de la nourriture à 1800 personnes démunies pour compenser le fait qu'il ne va pas jeûner. « Ma religion est très importante pour moi », a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne d'information CNN. « J'ai parlé avec ma famille ici au Royaume-Uni et avec ma famille là-bas au Maroc et, en fin de compte, je pense avoir pris la bonne décision, je vais retarder mon ramadan. »

Malades, personnes âgées et femmes enceintes exemptées

Les deux stars du sport britannique ont sollicité les conseils de docteurs de l'islam. Heureusement pour eux (et pour les Jeux olympiques), l'islam prévoit des exemptions au jeûne. Le Coran interdit aux malades, aux personnes âgées et aux femmes enceintes de prendre part à ce pilier de l'islam. Aujourd'hui, semble-t-il, la liste des personnes exemptées de ramadan comprend aussi les athlètes olympiques.

Le principal représentant du judo palestinien, Maher Abu Remeleh, a déclaré au journal London Times que les savants de l'islam lui ont prescrit de ne pas jeûner. « Ils disent que je représente une nation et pas seulement moi-même. Mais quand je rentrerai après les Jeux, je devrai me rattraper. » L'entraîneur saoudien Sami Zreli a déclaré qu'il laisserait aux athlètes le choix de jeûner ou pas. « C'est une décision qui les concerne eux individuellement », a-t-il affirmé.

La décision de Mohamed Sbihi a échauffé les esprits au Maroc. Un fan de sport en colère a pris contact avec l'agence de presse Hespress et a demandé: « Va-t-il participer à une compétition sportive ou va-t-il libérer la Palestine? Seules les personnes prenant part à la guerre sainte sont exemptées du jeûne. »

Nourriture halal au Village olympique

Les responsables du Village olympique à Londres ont confirmé que de la nourriture halal serait fournie aux athlètes musulmans, car ils sont au courant que certains des 3000 sportifs interrompront le ramadan tandis que d'autres observeront le jeûne. L'Algérien Khaled Belabbas concourra dans le steeple. Il a déclaré à un journal canadien: « Je jeûnerai comme je l'ai toujours fait. »

Le cheikh Ibrahim Mogra, secrétaire général adjoint du Conseil musulman de Grande-Bretagne, a déclaré au correspondant d'ENInews: « Normalement, l'exemption du jeûne ne s'applique pas aux sportifs. Mais il faut trouver un équilibre entre travail, repos et prière. »

Evoquant l'un des héros du film Les Chariots de feu, sorti en 1981, il a déclaré: « Nous devons nous souvenir que quand le missionnaire chrétien écossais Eric Liddel refusa de courir un dimanche pendant les Jeux olympiques de 1924, à Paris, Dieu lui donna des forces supplémentaires et il finit par gagner la médaille d'or sur 400 mètres. » (591 mots-ENI-12-F-0101-JMP)