« L'Evangile de la prospérité » attire un nombre croissant de chrétiens africains

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« L'Evangile de la prospérité » attire un nombre croissant de chrétiens africains

17 août 2012
Lagos, Nigeria, le 17 août (ENInews\Samuel Okocha et Misheck Musere) – Ce qu'on appelle parfois « l'Evangile de la prospérité » fait de nombreux disciples à travers l'Afrique. Sur ce continent comme sur d'autres, on va parfois à l'église en espérant améliorer sa situation économique.

En 2005, Segun Ilori passait le plus clair de son temps à nettoyer une église de l'Evangile quadrangulaire lorsqu'il a été tiré au sort pour immigrer aux Etats-Unis. Aujourd'hui, il roule en Toyota Camry modèle 2010 et il a pu partager le confort de sa vie aux Etats-Unis en envoyant six voitures au pays. Sa bonne fortune, il l'attribue à la grâce de Dieu.

A l'église internationale de la famille unie au Zimbabwe, on a promis à Tedius Makwari que la foi le conduirait à la santé et à la prospérité. Il affirme cependant qu'aller à l'église ne lui a jamais apporté aucun bénéfice, sinon d'avoir été dépouillé de son argent durement gagné, à force d'offrandes.

Sur ce continent où de nombreuses Eglises gagnent du terrain en insistant tant sur les avantages matériels que spirituels de la foi, Segun Ilori et Tedius Makwari représentent deux visages d'un mouvement religieux qui peut évoquer le renouveau spirituel comme la désillusion.

Des thèmes qui touchent

Au Nigeria, où la majorité de la population vit avec moins d'un dollar par jour, les Eglises qui professent les avantages concrets de la religion ne désemplissent pas. Au Zimbabwe, des personnalités pastorales telles que le prophète Emmanuel Makandiwa et l'évêque Trevor Manhanga sont des célébrités parmi celles et ceux qui cherchent à obtenir la rédemption et à acquérir des richesses spirituelles et matérielles.

Le succès de l'Eglise internationale de la famille unie, dirigée par Emmanuel Makandiwa, semble devoir beaucoup au fait qu'on y privilégie la langue shona et qu'on y aborde des thèmes qui touchent les gens de la rue au quotidien. « Quand j'ai rejoint l'Eglise internationale de la famille unie, en 2010, je portais le fardeau des esprits maléfiques», déclare Grace Urayai, 66 ans, originaire de Chinhoyi. « Alors quand le prophète Makandiwa est venu à Chinhoyi pour prêcher et prier pour les gens qui avaient des problèmes comme le mien, je me suis aussitôt décidée à me racheter. »

Selon Grace Urayai, sa vie et celle de sa famille ont connu une amélioration notable depuis qu'elle prie avec la famille de sa nouvelle Eglise. Elle affirme qu'auparavant, elle subissait constamment des crises d'épilepsie, qu'elle attribuait aux esprits maléfiques.

Offrandes parfois forcées

Cependant, Tedius Makwari, ancien fidèle de cette paroisse, a une toute autre histoire à raconter. « J'allais à cette église avant et rien ne semblait aller en ma faveur; je ne faisais que perdre mon argent durement gagné en faisant des offrandes qui étaient parfois forcées », explique-t-il.

Le pasteur Tony Egbe, de l'Eglise chrétienne rédimée de Dieu au Nigeria, affirme que l'église n'est pas un lieu où tous les problèmes se résolvent nécessairement. « C'est un lieu où l'on va pour trouver le Christ et où il donne sa paix. »

Comment l'Eglise répond-elle aux personnes dans le besoin? Le pasteur Egbe, qui est à la tête de la paroisse Turning Point à Lagos, cite l'exemple d'un homme qui déplore de ne pas trouver de travail.

« Ce que l'Eglise lui donne, c'est l'assurance que si l'on s'en remet à Dieu, qu'on connaît son Fils Jésus Christ et qu'on l'accepte, alors Dieu tient compte de nos problèmes. Dieu a un plan et au moment opportun il s'occupera de notre problème », dit le pasteur Egbe. « Dans l'intervalle, avant la venue de ce moment opportun, le rôle de l'Eglise est de donner à cet individu la paix et le repos et de l'occuper par des choses plus significatives jusqu'à la réalisation de la promesse de Dieu concernant son travail », conclut-il.

Quand il pense à sa réussite depuis qu'il s'est installé en Amérique, Segun Ilori, 30 ans, dit que les dons qu'ils a reçus sont dus à sa foi. « Je sentais dans mon cœur que Dieu m'avait récompensé pour tous les services que j'avais rendus dans l'église et aux gens », a-t-il indiqué dans une interview par Skype depuis Houston (Texas). « J'ai consacré mon temps et tout le reste à servir le Seigneur et les autres tout en me concentrant sur ma carrière et mes études. »

Segun Ilori ajoute cependant aussitôt que sa foi chrétienne est plus forte que jamais et que son travail au sein de l'Eglise continue. Il est responsable du comité d'horticulture et membre du groupe de prière à l'église chrétienne rédimée de Houston. (796 mots-ENI-12-F-0111-JMP)