Japon: Martin Luther dépeint dans un spectacle traditionnel de nô

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Japon: Martin Luther dépeint dans un spectacle traditionnel de nô

1 octobre 2012
Tokyo, le 1er octobre (ENInews\Hisashi Yukimoto) – A Tokyo, un professeur d’université marie Martin Luther
et art traditionnel japonais. La pièce de Toshifumi Uemura vise le 500e anniversaire de la naissance de la Réforme protestante, en 2017.

Sa pièce, intitulée Luther, sera interprétée en style nô. Forme d'art dont les origines remontent au XIVe siècle, le nô se caractérise par des thèmes héroïques, un jeu codifié et des masques spécifiques, de la musique et une gestuelle lente et intense.

« J'ai composé les poèmes et la prose de la pièce en m'efforçant avant tout de laisser la Bible parler, comme dans le "Messiah" de Haendel », a indiqué Toshifumi Uemura au correspondant d'ENInews. « Dans la seconde partie, je me suis servi d'un extrait d'un cantique de Luther, C'est un rempart que notre Dieu. »

Toshifumi Uemura a indiqué avoir eu l'inspiration « d'exprimer le Christ sur un terreau de culture japonaise » à travers plusieurs rencontres marquantes.

Le baptême de Jésus devant Jean-Paul II

« L'idée de cette pièce de théâtre nô mûrit en moi depuis ma rencontre riche d'enseignements, il y a plusieurs années, avec le père Kakichi Kadowaki, professeur émérite et prêtre catholique à l'Université Sophia, à Tokyo », a-t-il déclaré. Le père Kadowaki avait écrit une pièce de nô en 1988 intitulée Le baptême de Jésus, qui a été jouée devant le pape Jean-Paul II au Vatican.

Il affirme en outre devoir sa rencontre avec Christ à un professeur shintoïste, et une grande partie de son inspiration lui vient par ailleurs d'un spectacle donné par Tadao Kamei, percussionniste pour pièces de nô, qui a été consacré « trésor national vivant » par le gouvernement.

En octobre 2010, Toshifumi Uemura a joué une version expérimentale de son spectacle avec la participation d'un joueur de flûte japonaise en bambou à l'église évangélique luthérienne Minoridai de Chiba, au nord-est de Tokyo, sous la forme d'une fantaisie nô en deux parties.

Dans la première partie, il se trouvait seul sur scène, jouant les trois rôles de Luther, d'un vieil homme et d'un troisième personnage. Après avoir répondu à plusieurs questions sur le salut et le péché, il exprimait de façon symbolique les mots latins « instructio summaria », qui font référence aux documents autorisant la vente d'indulgences en Allemagne à l'époque de Luther.


« La foi, seule »

La pièce montre que ce sont ces documents qui ont inspiré l'action de Luther pour réformer l'Eglise catholique. Le dialogue répétait ensuite « la foi, seule », thème clé de la Réforme. Après un morceau de flûte japonaise, la seconde partie montrait Luther danser sur les paroles de C'est un rempart que notre Dieu, chantées à la fin de la pièce.

Le 17 février dernier, une nouvelle version expérimentale de la pièce a été donnée au Centre international de recherche sur la culture japonaise à Kyoto. L'idée était de présenter un nô moderne, où les protagonistes jouent le rôle d'êtres humains réalistes. Kimitake Ueda, artiste professionnel de nô, jouait le rôle de Luther au côté de deux autres professionnels du nô et d'un joueur de flûte. Toshifumi Uemura assurait la narration.

Cette version se caractérise en outre par l'esprit de Luther célébrant la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification, une conception de la justification par la grâce de Dieu à travers la foi en Christ adoptée en 1999 à Augsbourg, en Allemagne, par l'Eglise catholique romaine et la Fédération luthérienne mondiale. (595 mots-ENI-12-F-0134-JMP)