Comment laisser une place à Dieu sans nous couper du monde moderne?

Comment laisser une place à Dieu sans nous couper du monde moderne?

Date
Thème
Foi: que croire et comment ?
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Répondant
Daniel Guex
Réponse
ment à la réponse de Daniel Guex, à propos des thèses de "Sea of
Faith" :

Nous vivons dans un monde complexe, où les modèles sont multiples : quel est
le "bon" modèle pour moi, concernant : famille, profession, vie sociale, vie
morale etc.? Ce n'est pas simple, et ma profession de foi, si elle vaut pour
moi, ne vaut pas forcément pour mon voisin qui est d'une autre confession, d'une autre
religion, voire athée ou indifférent.

La grande révolution des 30 dernières années, c'est que la vie religieuse n'est
plus inscrite dans la vie quotidienne, comme il y a 50 ou 60 ans : ne pas aller
au culte ou à la messe était "mal vu", ne pas se marier à l'église était "mal
vu" etc. Aujourd'hui, on est aussi fier de se marier religieusement, que de se marier
"seulement" civilement ou... de ne pas se marier du tout!

Pourquoi? Parce que la vie religieuse est maintenant dans nos vies modernes
un réseau, en concurrence avec d'autres réseaux comme : le travail, le couple,
la famille, le sport, les loisirs, Internet, et j'en passe. On peut le regretter,
mais c'est ainsi. La spiritualité se vit de manière beaucoup plus personnelle,
c'est un CHOIX, et elle S'ADAPTE aux modes de vie moderne de l'individu.

Le vide dont parle Monsieur Guex est bien présent : on ne peut pas remplacer
une communauté de foi par des idées et des concepts. MAIS à l'inverse, les communautés
religieuses qui se crispent sur des positions dépassées, scientifiques ou morales,
se coupent de la société actuelle et deviennent rapidement des sectes où on profère
LA Vérité, seule et unique, sans reconnaître le multiple visage de Dieu et ses
multiples manifestations, qu'on l'appelle Dieu ou Allah ou Yahvé.

Pourquoi ne pas tout simplement faire de nos vies un ensemble de réseaux riches
et variés, communiquant entre eux, pour ne pas faire du réseau "foi" un objet
mort ou tyrannique? Pourquoi ne pas cloisonner nos vies, pour préserver notre
équilibre intérieur : il y a Dieu qui me fait vivre (je le situe volontiers dans mon
coeur), ET il y a mon esprit critique, ET il y a toutes les questions existentielles
qui n'ont pas de réponses définitives : celles-là, elles naviguent entre le
coeur et l'esprit, constamment, et c'est ce qui équilibre ma vie.

Laisser une place à Dieu dans nos vies, sans nous couper du monde moderne :
voilà le défi et la nécessité. Car une religion coupée du monde actuel est,
pour moi, aussi inutile (voire dangereuse) qu'un monde moderne privé de Dieu
"au nom de l'Homme". Qu'en pensez-vous?

Caro
Chère Caro, j'ai lu et relu vos propos, dans le but de bien les comprendre;
car si j'y perçois une volonté salutaire de chercher à vivre la foi chrétienne
aujourd'hui, j'y vois aussi des idées qui me laissent perplexe. Lesquelles?
J'en vois deux groupes:
A-. "monde complexe, où les modèles sont multiples" ... "la vie religieuse n'est
plus inscrite dans la vie quotidienne, comme il y a 50 ou 60 ans". "la vie religieuse
est maintenant dans nos vies modernes un réseau, en concurrence avec d'autres
réseaux".
Votre analyse du monde moderne est certes intéressante, mais même si on la partage
avec vous, on est en droit de le considérer avec un regard critique. Je ne saurais
donc accepter que le "monde moderne" et sa vie deviennent la norme à laquelle
je devrais me conformer. Ainsi donc, l'évolution de ces dernières décennies
n'est pas un progrès; c'est pour moi un mauvais signe. ... mais en même temps,
ça ne m'étonne pas du tout! ... il en a toujours été ainsi dans l'Histoire du
Peuple de Dieu: jamais de "progrès", encore moins de progrès linéaire, mais toujours
des fluctuations, dans les relations entre le monde et Dieu. Ainsi, quand vous
parlez de "positions dépassées", je me demande toujours "dépassées" par rapport
à quoi? Pour s'exprimer ainsi, on ne peut avoir derrière la tête, bien ancrée,
l'idée selon laquelle l'humanité marche inexorablement vers un progrès qui l'acheminera
un jour vers sa perfection. Cette idée est courante depuis Hegel -et curieusement,
elle résiste à tous les courants contraires-, mais elle n'est pas dans l'Evangile
B-."Laisser une place à Dieu dans nos vies..."
"la vie religieuse est maintenant dans nos vies modernes un réseau, en concurrence
avec d'autres réseaux... "
Je reste également perplexe devant ces propos: Pour moi, il ne s'agit pas de
laisser un place à Dieu,- comme si nous autres créatures, accordions tout de
même quelque chose à notre créateur!, ... mais il s'agit bel et bien de lui
faire TOUTE la place.
Il ne s'agit pas non plus de faire de la spiritualité et de la vie religieuse
un réseau à côté des autres, mais il importe que le Christ préside au choix
de mes réseaux, et que je lui en laisse la direction et l'organisation.
Vous semblez souhaiter une religion qui ne nous coupe pas du monde actuel. Je
ne crois pas, pour ma part, que ce doit être le critère principal; Dans l'Histoire
d'Israël et celle de l'Eglise, il y a eu des temps où elle a accentué l'aspect
"rupture par rapport au monde"; ... il y a eu d'autre temps, où elle s'est bien
mise dans le monde. Or quand le monde se fourvoie, que doit-elle faire? Se conformer
aux idées du monde me paraît être la dernière chose à faire!