Linda Bond, la femme qui est à la tête de l’Armée du salut

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Linda Bond, la femme qui est à la tête de l’Armée du salut

31 mai 2013
Siegen (epd - ProtestInter) La pauvreté n’a jamais été un mot étranger pour Linda Bond (66 ans). La générale, soldate suprême de l’Armée du salut, vient elle-même d’un milieu très simple: elle a grandi à Glace Bay, petite ville de mineurs de Nouvelle-Écosse, au Canada, où son père travaillait dans les mines de charbon. Portrait.

Sa mère était arrivée de Grande-Bretagne à l’âge de 17 ans. Linda était la plus jeune de 13 enfants. «Nous n’avons jamais eu conscience que nous étions pauvres. Nous pensions que tout le monde vivait ainsi», dit la femme en uniforme bleu.

Son attitude est cordiale et naturelle, on sent que sa présence n’a rien de déplacé même lorsqu’elle est occupée à distribuer de la soupe aux sans-abri. Son origine l’a aidée quand, dans le cadre de sa formation de cadette de l’Armée du salut, elle était confrontée aux problèmes des points chauds sociaux: «Dans ces gens vivant en marge de la société, je voyais nos voisins.»

Après avoir fréquenté l’école d’officiers durant deux ans, Linda Bond devint en 1969 officière de l’Armée du salut avec grade de lieutenante. Dans l’Armée du salut («Salvation Army»), les officiers sont des ministres ordonnés qui, en règle générale, dirigent un poste – correspondant à une paroisse – ou une institution sociale, et touchent pour cela un modeste salaire.

J’ai toujours appris pas mal de choses entre deux, dans l’avion.

«L’appel à servir comme officier est venu comme un chuchotement du Seigneur, je n’ai jamais eu de doute à l’égard de cette vocation, pas un jour, pas même une seconde», indique Linda Bond, qui n’est pas mariée et n’a pas d’enfants.

Elle a occupé notamment des fonctions d’enseignante et de directrice adjointe dans des écoles d’officiers à Toronto et Terre-Neuve, et dirigé une région de l’Armée du salut au Canada. Au Quartier général international de Londres, elle a été chargée du développement de la vie spirituelle et des relations internationales.

Elle a gravi les échelons de la hiérarchie pour arriver au grade de commissaire, en tant que commandante territoriale d’abord aux États-Unis, puis en Australie. En passant, elle a obtenu encore deux diplômes universitaires – un bachelor en pédagogie des religions et un master en théologie. «J’ai toujours appris pas mal de choses entre deux, dans l’avion», dit-elle en riant.

Enfin, en janvier 2011, elle a été élue à la fonction suprême de générale de l’Armée du salut, qui fait d’elle la responsable mondiale de l’Église libre chrétienne. Linda Bond est la troisième femme à accéder à cette charge, sur un total de 19 généraux nommés depuis 1878, lorsque le mouvement a pris son nom actuel d’«Armée du salut». De son propre aveu, elle a reçu aussi beaucoup de soutien de la part des hommes.

L’Armée du salut est née des efforts du méthodiste britannique William Booth, qui créa en 1865 avec sa femme Catherine, dans l’East End de Londres, un mouvement chrétien qui se donna pour tâche d’améliorer les conditions de vie des pauvres. Il fut le fondateur des soupes populaires et des foyers pour sans-abri.

Plus tard, William Booth donna à sa Mission chrétienne le nom d’«Armée du salut» et en devint le premier général. «Mais je crois qu’en réalité l’influence de Catherine était prépondérante», ajoute Linda Bond avec un léger sourire.

Depuis l’époque de William Booth, l’Armée du salut a connu un vigoureux développement: «Nous sommes représentés dans 126 pays et nous comptons 1,7 million de membres.» L’Église libre gère dans le monde plus de 4000 maisons pour enfants, foyers et résidences pour personnes âgées, ainsi que des écoles pour aveugles et handicapés, des jardins d’enfants, des centres sociaux, des services d’accueil d’urgence et des programmes d’aide aux toxicomanes.

Environ 26 000 officières et officiers ordonnés mettent leur vie au service du mouvement. «Et nous aurons encore besoin à l’avenir de beaucoup de gens ayant des compétences de direction», indique Linda Bond.

Les principes de base de l’Armée du salut n’ont guère changé depuis 135 ans. «Pour nous, explique la générale, le salut de l’âme ne signifie pas seulement qu’on tire quelqu’un de l’enfer pour l’envoyer au ciel. Ce qui importe, c’est de répondre aux besoins des êtres humains à tous les niveaux.» Elle est convaincue que la devise traditionnelle de l’Armée du salut «Soupe, savon, salut» garde toute sa pertinence. (FNA-43)