Fête de la musique: Lavelle Duggan dirige un chœur de gospel à l’église Saint-François

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Fête de la musique: Lavelle Duggan dirige un chœur de gospel à l’église Saint-François

Laurence Villoz
21 juin 2013
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La chanteuse de jazz, Lavelle Duggan, dirige le chœur de gospel de l’EJMA lors de la fête de la musique, le 21 juin, à Lausanne. Privilégiées pour leur acoustique, les églises sont des lieux de concerts hors pair. Mais la musique n’a pas toujours été la bienvenue dans les temples réformés.

(Photo: ©Davide Gostoli/Fête de la musique)

«Plusieurs églises nous ont demandé d’avoir autres choses que de la musique religieuse», explique Dominique Mermoud Smith, secrétaire général de la fête de la musique à Lausanne. Les lieux des concerts sont choisis en fonction de l’infrastructure disponible et de l’acoustique. «Mais en général, nous essayons de programmer les œuvres sacrées dans des lieux ‘sacrés’», ajoute la secrétaire générale.

Cinq églises Lausannoises participent à cet événement: L’Eglise Saint-Laurent, la Chapelle du Valentin, la Cathédrale de Lausanne, l’Eglise Saint-François et l’Eglise du Sacré-Cœur. «Si les autres ne participent pas, c’est simplement car nous n’avons pas suffisamment de concerts pour leur en proposer». Pour la 19ème édition, quelques 40 000 visiteurs sont attendus. Répartis au quatre coins de Lausanne, pas moins de 170 concerts auront lieu en une seule journée.

Entre autres, l’Eglise Saint-François accueillera le chœur de Gospel de l’Ecole de jazz et de musiques actuelles (EJMA) dirigé par la chanteuse de jazz, Lavelle Duggan. Originaire de l’Illinois, cette artiste dans la soixantaine, a été l’une des choristes de Ray Charles et se produira au Montreux Jazz Festival, en juillet prochain.

Suppression de la musique dans les églises

S’il paraît anodin d’écouter de la musique dans une église, cela n’a pas toujours été le cas. Le réformateur français Jean Calvin, dans les années 1540, a interdit la pratique de l’orgue ou tout autre instrument dans les églises réformées. «C’était un mouvement de réaction contre tout ce qui était lié au catholicisme», explique Benjamin Righetti, organiste titulaire de l’église Saint-François, à Lausanne.

Avant la Réforme, pendant la messe, seuls les membres du clergé chantaient des textes en latin entrecoupés de solo d’orgue. «L’assemblée de fidèles était spectatrice et ne comprenait pas la signification des paroles des chants», précise le professeur d’orgue de la Haute école des arts de Berne. Calvin a voulu que l’assemblée participe. Il a interdit l’orgue et introduit le chant à l’unisson dans l’assemblée.

Le réformateur français a fait mettre en musique les 150 psaumes et ils sont devenu la seule musique autorisée pendant les cultes. «Calvin voulait que les gens aient accès au texte biblique et puisse participer aux chants divins. La majorité d’entre eux n’avaient pas reçu d’éducation et ont appris à lire grâce aux psaumes». Mais si Jean Calvin a exclu les orgues du culte, c’est aussi pour d’autres raisons. «La musique est intrinsèquement liée au corps, au rythme, à la danse et inévitablement à la sexualité».

Un psautier dans chaque ville

Les psaumes ont ainsi été mis en musique. Chaque ville voulait avoir son psautier. «On retrouve aussi quelques mélodies de chansons populaires parmi les psaumes», explique le jeune homme de 31 ans. Parallèlement, les orgues ont été laissés à l’abandon, puis utilisés pour d’autres usages. «Par exemple, les tuyaux des grandes orgues de Genève ont servi à construire des urinoirs et d’autres ustensiles pour l’hôpital».

A cette même période, les Hollandais, qui étaient sous l’influence de Calvin, ont aussi cessé de jouer de l’orgue pendant les cultes. Mais les instruments sont restés dans les églises. «Un lobby d’organistes se retrouvait à l’église en dehors des moments de culte pour pratiquer leur instrument». Ainsi, est né le concept de concerts d’orgue. Contrairement à Calvin, le réformateur Martin Luther n’a pas supprimé les orgues. Seuls les pays calvinistes ont vu ces instruments bannis des cultes.

Réintégration de l’orgue au 18ème siècle

L’orgue s’est beaucoup développé à la fin du 17e et pendant le 18e siècle. «Cet instrument est très pratique car on peut jouer toutes les musiques et il est le seul à pouvoir «remplacer» un orchestre». A cette époque, l’enregistrement sonore n’existait pas. Pour écouter de la musique, il fallait se rendre aux concerts. «La plupart des gens n’avaient pas l’argent pour aller à l’opéra, mais grâce à l’orgue qui reproduisait l’orchestre, il pouvait découvrir des opéras».

Ainsi, les orgues ont été réintégrés dans les églises pour des concerts et utilisés à nouveau pour le culte. «Le culte doit correspondre à l’Assemblée et au style de l’époque, les goûts musicaux ont changé au 18ème siècle», ajoute Benjamin Righetti qui fera visiter l’orgue de l’église Saint-François lors de la Fête de la musique.