«J’ai constaté que la religion était souvent un obstacle à l’épanouissement sexuel», lâche la sexologue, Juliette Buffat. Plutôt que la religion elle-même, ce sont des valeurs morales et éthiques qui pourraient entraver le développement de la sexualité. «Un grand nombre de personnes, qui se définissent comme non-croyantes, ne font pas le lien entre leurs difficultés et des interdits venant de leur éducation».

Le sexe et vous, publié en février dernier, «brosse un tableau de la sexualité au sens large». Depuis plus de quinze ans, Juliette Buffat, répond aux questions des gens dans les médias. Son ouvrage rassemble les interrogations qui reviennent le plus souvent. Il contient huit chapitres qui correspondent chacun à une période la vie. «Cela permet au lecteur d’aller directement lire les pages qui le concernent le plus».

Ainsi, la partie intitulée De 0 à 10 ans se focalise sur l’éducation et la petite enfance pour comprendre certaines difficultés telles que «pourquoi je n’ai pas de désirs sexuels?» où «comment assumer mon homosexualité?». Le chapitre De 31 à 40 ans est centré sur le désir d’enfant, l’accouchement où encore l’infidélité: «Depuis que j’ai accouché, je n’arrive plus à atteindre l’orgasme?». L’amour, la masturbation, les familles recomposées ou la ménopause sont autant de thèmes abordés par Juliette Buffat.

«La sexologie permet d’allier les dimensions physiques, émotionnelles et psychiques. J’aime être à l’intersection du corps, du coeur et de l’esprit», explique la thérapeute qui ajoute que l’épanouissement du couple passe par la complicité spirituelle et corporelle. «J’écris justement pour permettre d’atteindre cet épanouissement. Les gens ont parfois des blocages, en les identifiant, ils peuvent avancer». De causes multiples, ces barrières proviennent souvent de l’éducation religieuse.

Le catholicisme contient beaucoup d’interdits, comme le sexe avant le mariage ou le plaisir sexuel en dehors de la procréation. «Néanmoins, tous ces interdits créent l’envie de transgression et il y a l’absolution des péchés et la confession». La situation est différente chez les protestants: «On remarque un climat d’autocensure qui est d’autant plus sournois. Le sujet de la sexualité est systématiquement évité».

Cette psychiatre, intéressée par l’Evangile depuis longtemps, a suivi les cours de l’Atelier œcuménique de théologie de Genève et a participé à la formation des prédicateurs laïques. «Lors de mes prédications, j’aime mettre en lien ma foi et mon activité professionnelle», relève la sexologue. Cette cinquantenaire fait également partie des membres du consistoire de l’Eglise protestante de Genève.

Alors qu’on confère à la Bible toutes sortes d’interdictions, «je me suis rendue compte qu’il y avait très peu d’interdits dans le texte lui-même. A aucun endroit, l’onanisme n’est condamné», constate cette médecin qui adorerait écrire un livre sur le thème de la sexualité et de la religion.

Néanmoins selon cette thérapeute de couple, la religion apporte l’association essentielle entre sexualité et amour. «La satisfaction sexuelle partagée est le ciment du couple qui nous lie en profondeur à celle ou celui que nous aimons», peut-on lire à la fin de l’ouvrage. «Aujourd’hui, on parle beaucoup de performances sexuelles, mais c’est le sentiment d’être bien ensemble dans une relation intime, tendre et complice qui est primordial. Les couples qui ne se touchent plus du tout sont dans une profonde souffrance».

Le sexe et vous est destiné au grand public. «C’est aussi un guide pour mes collègues médecins, surtout les gynécologues et les urologues, dont les patients leur posent souvent des questions du domaine de la sexologie».