Le sexe et l’adolescence sans fin des chrétiens

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Le sexe et l’adolescence sans fin des chrétiens

9 avril 2014
Le pasteur et écrivain américain, Tom Ehrich, lance un pavé dans la mare et dénonce la position de l’Eglise face au sexe. Les chrétiens, obnubilés par l’homosexualité ou l’avortement, en oublieraient le véritable message de la Bible.

Photo: image promotionnelle du film «American Pie» (1999) parlant des préoccupations d'adolescents. DR

Une chronique de Tom Ehrich (RNS)

Je ne sais pas comment cela se passe pour les filles, mais je sais, par expérience, que les jeunes garçons sont obsédés par le sexe. Ils en rêvent, font tout ce qui est en leur maigre pouvoir pour l’obtenir, s’inquiètent de la pertinence de leurs envies, sont perturbés par leurs désirs et tout au long de leur adolescence – et même au-delà – voient les gens sous l’angle des rapports sexuels.

J’imagine que cette obsession est naturelle et sert un but fondamental, comme la perpétuation des espèces. Ou peut-être que ces préoccupations nous permettent de réfléchir à notre corps dégingandé, à nos pensées étranges, à notre jeunesse et notre fragilité.

Je ne sais pas s’il y a un seul adulte qui serait disposé à revivre son adolescence. Pourtant, c’est là que nous en sommes – nous, les chrétiens, qui recherchons l’espoir, la grâce, la miséricorde et la finalité, nous, qui croyons en un Dieu de justice – à faire de notre foi une adolescence sans fin, centrée sur le sexe.

Notre présence publique se réduit aux questions sur l’avortement et l’homosexualité

Nous sommes obsédés par le sexe, un sujet que Jésus a, lui-même, ignoré. Notre présence publique se réduit aux questions sur l’avortement et l’homosexualité. La présence politique des «Chrétiens» est devenue rien de plus que d’élire des candidats qui s’opposeront à l’avortement et l’homosexualité.

Peu importe la guerre, la paix, la santé, le pouvoir, peut importe de s’occuper des démunis et de ceux qui souffrent. Si cela ne concerne pas le sexe, cela n’a pas d’importance.

Nous prétendons nous soucier de la vie, mais nos points de vue sur l’avortement ne concernent pas la vie; ils se rapportent à la liberté, pour les femmes, d’avoir des rapports sexuels et d’être indépendantes. J’en veux pour preuve: nous ignorons les autres agressions à la vie comme les combats, la recherche effrénée de profits, les addictions et l’écologie.

Notre sélection de quelques versets sur l’homosexualité est un manque de respect aux Ecritures

Nous prétendons nous soucier des Ecritures, mais notre sélection de quelques versets sur, par exemple, l’homosexualité est un manque de respect aux Ecritures. Pour preuve, nous nous sentons libre d’ignorer le reste des textes bibliques sur ce sujet.

Au lieu de nous stimuler mutuellement pour faire grandir notre foi, nous utilisons notre obsession du sexe comme une couverture pour être infidèle aux réelles valeurs de Dieu.

Nous considérons comme du «marxisme» la vie des chrétiens qui est décrite dans les Actes des apôtres: posséder des biens en commun, partager avec ceux qui en ont besoin ou être profondément tourné vers la vie en communauté.

Au lieu de faire ce que Jésus a fait – s’occuper des victimes et des exclus, et prêcher la bonne parole – nous créons des victimes et des exclus

Au lieu de faire ce que Jésus a fait – s’occuper des victimes et des exclus, et prêcher la bonne parole – nous créons des victimes et des exclus, confortablement assis dans la richesse et la puissance, et enterrons le Christ dans un spectacle extravagant et tapageur.

Nous autorisons l’augmentation de la cupidité car chaque restriction face à la richesse – comme les contraintes dont parle Jésus – contrarierait notre espoir idiot et puissant de rejoindre des fêtes hors de prix.

Nous nous cachons derrière le sexe et la sexualité comme si la vie était une adolescence sans fin, comme si la vie responsable en tant qu’adultes ayant grandi dans la foi de Jésus, était inutile.

Nous pensons satisfaire Dieu en nous opposons à la brutalité envers les homosexuels ou en prenant la défense des femmes dans la guerre des genres. Des engagements qui ne nous imposent ni le besoin d’être généreux ni de faire des sacrifices dans la vie; pas besoins de modérer notre soif de richesse et de pouvoir, pas besoin d’aimer Dieu, le voisin ou notre ennemi.

Des groupes entiers ont réduit leur message à la régulation du sexe. C’est comme si les quatre évangiles n’étaient pas suffisants. Ils ont eu à écrire un autre livre, dans lequel l’ultime but de l’humanité réside dans les parties génitales et les questions de sexe.

Peut-être que nous sommes hypocrites et que nous utilisons la sexualité des autres personnes pour couvrir notre propre cupidité et notre côté égoïste. Ou peut-être que nous sommes comme l’adolescent, qui rêve de sexe dans sont lit, car le reste de la vie semble trop effrayant. (lv)