Une formation théologique pour tous!

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Une formation théologique pour tous!

Joël Burri
27 mai 2014
En raison de la crise des vocations pastorales, les facultés de théologie peinent à remplir leurs salles de cours. Par contre, les différents lieux qui proposent des formations théologiques au grand public se portent bien.

«Depuis quelques années, il y a parmi les gens qui suivent nos formations, des gens qui ne sont pas “institutionnalisés”: ils ne sont pas liés à une paroisse. Mais ces gens sont désireux d’acquérir une certaine culture religieuse», explique le théologien Jean-François Habermacher, directeur de Cèdres formation à Lausanne. Ainsi, dans une société qui entretient des liens de plus en plus distendus avec l’Eglise, la recherche de sens reste vive.

Il ne s’agit pas de dire ce qu’il faut penser

«Le Séminaire de culture théologique n'est pas une école d’évangélisation. Nous essayons de mettre en œuvre les principes de la théologie réformée historique, critique et contextuelle. L’idée ce n’est pas de dire ce qu’il faut penser; c’est de donner des informations et des méthodes pour aider chacun à se construire des repères», explique Jean-François Habermacher.

«En même temps, il y a quelque chose qui nous distingue de la formation académique. Nous nous intéressons à la personne et à ses besoins. Typiquement, à l’Université, si un cours touche à des questions existentielles, il est difficile d’en parler avec le prof. Durant le Séminaire, toutes les questions sont permises.»

Rendre la théologie au peuple de l’Eglise

Le Séminaire de culture théologique, proposé aujourd’hui par Cèdres formation, a été fondé par l’Eglise libre du Canton de Vaud, une Eglise indépendante de l’Etat qui a fusionné avec l’Eglise nationale en 1966 pour donner naissance à l’actuelle Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud. «Les libristes pensaient qu’il fallait rendre la théologie au peuple de l’Eglise. Plus il était cultivé et instruit, mieux l’Eglise s’en porterait. Il y a là quelque chose d’avant-gardiste!»

Le Séminaire de culture théologique, dont la prochaine volée débutera le 14 juin, s’adresse à toute personne, croyante ou non, curieuse des questions religieuses, sans taire leurs questions ou leurs doutes. Mais il reste une formation exigeante: une trentaine de samedis répartis sur deux ans. «Il faut aussi compter des heures de préparations et l’écriture de six travaux. Pour une personne qui a peu l’habitude, il faut compter un petit 20% d’activité. Ou deux bonnes soirées par semaine», évalue Jean-François Habermacher.

Le diplôme du Séminaire de culture théologique permettra par contre d’obtenir quelques équivalences pour la formation théologique à distance de l’Université de Genève.

S’orienter dans les problématiques contemporaines

Le même esprit d’exploration de «nos héritages de manière critique et de renouveler son regard sur le monde, l’existence et la foi» et de découverte «des outils théologiques pour s’orienter dans les problématiques contemporaines», règne dans les «Explorations théologiques.» Des formations proposées sur huit week-ends, par l’Eglise réformée évangélique de Neuchâtel et l’Union synodale Berne-Jura-Soleure au centre de Sornetan dans le Jura bernois.

A Genève, l’Atelier œcuménique de théologie propose d’allier enseignement et dialogues entre personnes de confessions différentes. Thématiques bibliques, historiques ou théologiques sont abordées durant les périodes scolaires, durant deux ans, «L’AOT est un temps que l’on choisit de s’accorder: semaine après semaine, durant deux ans, on s’engage dans un parcours de découvertes, qui passe aussi par la remise en question de nos certitudes religieuses.»

Un cours par correspondance

Toutes ces formations peuvent constituer, sous certaines conditions, des prérequis pour les offres de formations d’Eglise de L’Office protestant de la formation. Ce service propose diverses formations directement en lien avec des postes occupés dans les Eglises: prédicateurs laïcs, diacres, catéchètes professionnels. «Mais nous avons aussi une offre grand public: le cours biblique par correspondance», s’empresse d’ajouter Didier Halter, directeur de l’Office.

«Chaque année, le cours propose un focus sur un livre de la Bible. L’an prochain, dès cet automne, ce sera les Psaumes.» Les personnes participant reçoivent dix fascicules durant l’année. Le premier explique le contexte général du livre étudié, et quelques éléments quant à la méthode historique, puis neuf études sur des passages particuliers du texte.

Le texte biblique y est présenté dans une approche historique, philosophique, linguistique, etc. Si bien que cette formation est ouverte aux croyants comme aux non-croyants. «Pour en profiter, il suffit de ne pas être fermé à l’approche historico-critique», note Didier Halter. Comptez deux heures de travail toutes les deux semaines.

«Un groupe de pasteurs recueille les réactions des participants. Ensuite, ils proposent d’une part une réponse individuelle, si nécessaire, et d’autre part, une réponse collective où sont abordés des thèmes soulevés par les réactions des personnes suivant le cours.» Environ 300 personnes suivent cette formation, dont la moitié s’inscrit systématiquement d’année en année. (35 fr, par internet, 45 fr en cas d’envoi des documents imprimés).

«Ces dernières années, nous avons régulièrement des détenus qui suivent ce cours. Je trouve cela très touchant», conclut le directeur.

La Fédération romande des Eglises évangéliques propose désormais également une formation, baptisée FREE College. Formation biblique et théologique, techniques d’animation ou gestion d’un groupe de jeunes, divers modules en lien avec la vie d’une Eglise sont proposés.

Cet article a été publié dans :

Dans l'édition de juillet-août 2014 de la Vie Protestante Berne-Jura-Nauchâtel.