Démission de raison à l’Eglise réformée neuchâteloise
Clémentine Miéville, conseillère synodale de l’Eglise évangélique réformée du canton de Neuchâtel (EREN), démissionne. La raison du départ de cette juriste de profession, prévu pour juin prochain? Le possible conflit d’intérêts auquel pourrait l’exposer son couple avec le pasteur Yves Bourquin, actuel président de l’institution religieuse. En charge des ressources humaines, Clémentine Miéville était également la personne de contact pour tout signalement d’abus commis au sein de l’EREN. Si elle se dit «sûre et sereine par rapport à son choix», son départ suscite toutefois des inquiétudes quant à la repourvue des postes au sein du Conseil synodal. Lors du dernier Synode de l’EREN, qui s’est tenu ce mercredi à Montmirail, la candidature du pasteur retraité Pascal Wurz n’a récolté que six voix et n’a donc pas été retenue. En attendant qu’un nouveau candidat se présente, le Conseil synodal de l’EREN devra donc fonctionner à six membres au lieu de 7, le pasteur de la Collégiale Florian Schubert, ayant déjà annoncé son départ de l’Exécutif au 31 décembre prochain. Interview.
Votre couple avec le président de l’EREN vous fait renoncer à votre charge de conseillère synodale. Une décision douloureuse à prendre?
Non. C’est un choix tout à fait logique, fonctionnellement parlant. On peut avoir des liens d’amitié entre conseillers synodaux, mais être un couple, cela change la donne, compte tenu du risque éventuel de conflit d’intérêts.
Pourquoi est-ce vous qui quittez le Conseil synodal et pas Yves Bourquin?
Les raisons sont personnelles, mais nous ne nous étions interdit aucune piste avant de faire ce choix.
Le fait d’être la personne de contact pour tout signalement d’abus commis au sein de l’EREN a-t-il également pesé dans la balance?
Absolument pas. Cependant, le fait qu’un membre de l’Exécutif soit en charge de cette question a pu interroger, mais il s’agissait d’une solution d’urgence. En effet, des cas d’abus sont sortis récemment, et il nous a fallu prendre nos responsabilités. Toutefois, l’association de soutien aux personnes abusées dans l’Eglise catolique (SAPEC) est mentionnée sur notre site internet, au cas où une personne souhaiterait traiter avec cette association et pas directement avec nous.
Qui est prévu pour vous remplacer dans cette tâche?
Pour l’instant, nous n’avons pas encore discuté de cette question. Notre projet est, à terme, de mandater un service de signalement externe, comme cela se fait déjà dans d’autres Eglises réformées romandes. Les modalités sont encore à déterminer, car notre Eglise a de moins en moins de moyens. Je prends actuellement part aux réflexions du groupe de travail mis en place par l’Eglise réformée de Suisse (EERS), qui doit notamment déterminer comment les Eglises peuvent et doivent se doter de systèmes de protection et de services de signalement. Les résultats obtenus par ce groupe nous permettront de trouver une solution adaptée aux réalités de notre Eglise.
Vous avez déclaré, au dernier Synode de l’EREN, avoir voulu partir une fois que le Conseil synodal aurait retrouvé de la stabilité. Quel est votre regard sur la situation actuelle de ce dernier?
J’ai également parlé de stabilité pour l’institution tout entière. Et je considère que nous l’avons atteinte grâce à une réorganisation de nos services. En ce qui concerne le Conseil synodal, je crois que l’équipe, qui fonctionnera bientôt à six membres au lieu de sept, pourra s’en sortir. C’est une situation que nous avons déjà rencontrée. De plus, nous avons fait le choix de répartir dans l’intervalle le temps de travail du septième poste entre nous.
Quelles sont, à vos yeux, vos plus belles réalisations en tant que conseillère synodale?
Je mentionnerais justement ce qui a été rapidement mis en place concernant les abus, ainsi que la refonte du système RH, rendue nécessaire par les nombreuses mutualisations auxquelles notre Eglise, par manque d’argent, doit faire face.