Pierre-Alain Frey: «Un culte doit s’approcher d’un spectacle»
Photo: Pierre-Alain Frey
Propos recueillis par Laurence Villoz
Le 25 décembre, un culte de Noël sera diffusé en direct de la Cathédrale Saint-Pierre. En tant que producteur, quel est votre travail?
Pierre-Alain Frey: Le producteur est un peu comme un chef d’orchestre. Il a la responsabilité de faire en sorte que tout fonctionne bien. La réalisation d’un culte télévisé fait appel à une douzaine de corps de métiers différents. Je chapeaute tous ces spécialistes et je fais également l’interface entre la paroisse et l’équipe TV.
Quelque huit personnes de la RTS et de Médias-pro (le département protestant des médias) s’occupent de la préparation de l’événement. Le déroulement de la cérémonie est écrit à l’avance et une répétition générale chronométrée a lieu le jour d’avant, avec tous les intervenants. Tout est prévu à la seconde près et nous sommes entre 24 et 26 professionnels sur place, pendant le direct.
La particularité de la cérémonie du 25 décembre est qu’elle sera diffusée en eurovision. Nous allons travailler avec six caméras et une vingtaine de micros. Un chœur de seize chanteurs, huit musiciens, trois pasteurs et un lecteur animeront la rencontre. De plus, une décoratrice a créé un ornement conceptuel avec des mousses et des branches d’arbres pour éviter de n’avoir que le traditionnel sapin. Nous attendons plus de 1000 personnes à la Cathédrale Saint-Pierre pour cet événement.
Peut-on parler de «mise en scène» d’un culte?
Oui, le terme de «mise en scène» est approprié. Actuellement, le culte ne consiste plus en une lecture biblique pendant une heure. A la télévision, nous avons besoin d’images et de sons. Contrairement à la messe, la cérémonie protestante n’offre pas une liturgie très précise. Il y a régulièrement des animations théâtrales, des chanteurs ou des musiciens.
Pour moi, un culte doit s’approcher d’un spectacle qui respecte complètement les valeurs protestantes. J’aimerais en faire évoluer le déroulement mais sans forcément le rajeunir, car le public qui regarde ces offices à la télévision est plutôt âgé. En moyenne, 15'000 spectateurs en Suisse romande regardent la retransmission. Ce chiffre augmente fortement lors des eurovisions et des fêtes.
Comment choisissez-vous l’église qui accueille la RTS?
Un lieu est choisi pour toute une année et nous changeons de canton annuellement. Le canton de Genève s’est proposé pour 2014. En 2015, ce sera le canton de Vaud avec le Temple d’Avenches. Nous faisons une sorte d’appel d’offres dans le canton et les différentes régions peuvent soumettre un projet. Puis, les responsables de l’Eglise cantonale sélectionnent une des propositions et nous décidons d’un lieu. Plusieurs critères techniques orientent mon choix. Je dois pouvoir approcher l’église avec le car régie. Et le volume de l’édifice joue un rôle important dans la beauté de l’image.
Actuellement, les paroisses hésitent parfois à accueillir l’équipe TV car c’est un vrai surplus de travail. Mais les cultes télévisés permettent de diffuser les valeurs protestantes dans toute la Suisse romande et même plus loin. Ce genre d’événement contribue à la promotion d’une région et dynamise les paroisses qui y participent.
Les Eglises sont toujours pleines à la télévision, d’où vient le public?
Il n’y a pas d’office dans les autres paroisses de la région. Ce procédé permet de rassembler les personnes au même endroit et elles jouent le jeu. Au niveau de l’image, c’est très important que l’église soit pleine.
Combien de cultes la RTS diffuse-t-elle par année?
Une quinzaine. En général, ils sont retransmis le dimanche matin de 10h à 11h, mais aussi le jeudi de l’Ascension, à Pentecôte et à Noël. Six d’entre eux sont produits en direct par la RTS en étroite collaboration avec Médias-pro. Six autres cultes, également en direct, sont repris de la SFR (Suisse alémanique) et de la RSI (Suisse italienne) et traduits simultanément. Nous diffusons aussi quelques eurovisions qui arrivent de France, d’Italie et parfois d’Allemagne ou de Belgique. Avec les messes et les cérémonies oecuméniques, il y a 34 offices au total. Les dimanches où il n’y a pas de célébrations, des documentaires à thématiques religieuses prennent le relais.
Combien coûte un culte télévisé?
Un culte télévisé coûte environ 60'000 francs à la RTS. Mais, en comptant le travail des paroissiens, des ministres, des choristes et des musiciens ainsi que divers frais tels que la décoration et la préparation du lieu, il faut ajouter entre 10’000 et 15’000 francs financés par la paroisse pour chaque culte télévisé.