Les enfants de frère Roger, premiers à bénéficier de sa vocation solidaire
Photo: frère Roger entouré d'enfants ©Taizé
Par Joël Burri
Frère Roger le fondateur de la communauté œcuménique de Taizé en Bourgogne a été assassiné il y a 10 ans, le 16 avril 2005. Cet anniversaire est commémoré par des célébrations dédiées à la recherche d’une «nouvelle solidarité»
La solidarité a toujours fait partie de la vocation de Roger Schutz, frère Roger. Avant même de fonder la communauté de Taizé, durant la Seconde Guerre, Roger Schutz utilisait la ferme qu’il avait acquise pour accueillir des réfugiés. Le village était idéalement situé à quelques kilomètres de la ligne de démarcation qui coupait la France en deux.
Après la guerre, la communauté nouvellement créée a poursuivi cet élan de solidarité en accueillant des orphelins. Comme un groupe d’hommes ne pouvait pas adopter d’enfants, frère Roger demanda à sa sœur Geneviève de les adopter. Elle est ainsi devenue la mère de plus de 20 enfants. Aujourd’hui, ils gardent, tout comme leurs propres enfants des contacts étroits avec la communauté, même si de l’avis de l’épouse de l’un d’eux: «les nouveaux frères, on commence quand même à les connaître moins bien.»
Protestinfo a pu rencontrer Ivan Tzikunib. Il est arrivé avec ses frères à Taizé en juillet 1945. Orphelin de père russe, il avait 13 ans et venait de passer avec ses trois frères, plus jeunes, deux ans dans un camp de réfugiés espagnols. «Frère Roger ne nous a jamais dit comment nous étions arrivés là», explique-t-il. A cette époque, en effet, la Russie cherchait à prendre en charge elle-même les orphelins ayant cette nationalité.
Attentif à offrir un avenir à ses enfants, frère Roger se souciait de leur formation. «Frère Roger aurait voulu que je fasse l’école d’ingénieur», raconte-t-il. «Mais ce n’était pas mon truc. Finalement, j’ai fait une formation commerciale», raconte celui qui aujourd’hui est artiste-peintre.
Mais ce n’est pas l’école qui a marqué le plus ses souvenirs d’enfance à la campagne. «Nous allions nous baigner dans le ruisseau», raconte-t-il. Et la vie en communauté? «Nous nous sommes retrouvés dans une grande famille», se souvient-il. «Geneviève voulait nous inculquer une éducation stricte, mais ce n’était pas dans sa nature. Elle voulait être sévère, mais n’y arrivait pas», dit-il tendrement. Quant à Roger, «on le voyait tous les soirs, et il nous faisait rencontrer ses invités. Nous avions ainsi la chance d’assister à des concerts et aussi à des débats auxquels souvent nous ne comprenions pas grand-chose.»
Cette série d’articles consacrés à l’anniversaire de Taizé, vous est proposée dans le cadre d’une collaboration entre Protestinfo et Cath.ch.