Un délégué au synode rêve d’une Bible mettant en vis-à-vis français et allemand
Photo: Une bible Helias Hutter. Publiée en 1599 à Nuremberg, elle présente le texte biblique en syriaque, grec, latin, hébreu, allemand, italien, espagnol, polonais, anglais, danois. CC(by-nc-nd) FirewallJC
Par Joël Burri
Un délégué du synode de l’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg (EERV) rêve d’une Bible proposant côte à côte des traductions française et allemande du texte. «Cela pourrait être utilisé dans les paroisses bilingues et être offert aux jeunes en fin de catéchisme», a défendu Jean-Pierre Zimmermann. Il a déposé une motion au synode pour que l’EERF produise une telle édition de la Bible. «Nous ne sommes pas une maison d’édition, nous ne savons pas faire cela», a rétorqué le Conseil synodal (exécutif) qui propose que l’idée soit transmise à la Société biblique suisse.
«Je trouve cette idée fantastique!», s’enthousiasme pour Eva Thomi, directrice de la Société biblique suisse, contactée par Protestinfo. Mais est-elle réaliste? «Grâce à nos partenariats au sein de l’Alliance biblique universelle, nous pouvons utiliser plusieurs traductions tant en français qu’en allemand. Côté impression, un tirage dès 500 exemplaires est aujourd’hui envisageable», explique Eva Thomi. «La grande difficulté sera la mise en pages. Il faut que les deux traductions de chaque passage biblique restent vis-à-vis. Un tel travail devra être fait manuellement», a d’abord estimé la directrice. Plus tard, elle a pu préciser: «nous venons de recevoir les premières indications sérieuses concernant les frais pour la publication d’une bible français/allemand. Grâce à une nouvelle technique, les frais pour la production (mise en pages et impression) ne dépassent pas 100’000 fr pour une production de 2000 exemplaires.» Elle ajoute: «c’est bien d’en parler, cela va peut-être motiver les différents partenaires à faire avancer ce projet.»
L’idée n’est pas tout à fait neuve. «Une Bible français/anglais existe déjà et nous avions déjà évoqué une Bible français/allemand», explique Eva Thomi. «Mais nous nous sommes rendus-compte que cela ne pourrait être financé que par la Suisse. Ni l’alliance biblique française ni aucun de nos partenaires n’est intéressé par cette combinaison de langues.» Pourtant la demande semble exister «J’ai posé la question à mes collègues et elles m’ont dit que des clients privés appellent régulièrement pour savoir si cela existe. Nous avons même eu une demande pour une Bible avec les quatre langues nationales, mais cela risquerait de devenir un ouvrage trop épais, à moins de ne garder que le Nouveau Testament et les Psaumes.»
Pour quelle traduction opter? La société biblique suisse peut utiliser les traductions dont l’alliance biblique française possède les droits: français courant, Parole de Vie, traduction œcuménique de la Bible ou Nouvelle Bible Segond, par exemple. «Je pense que l’on devrait utiliser une traduction assez simple comme la Bible Parole de vie», estime Eva Thomi «Ainsi cette édition pourrait aussi être utilisée pour l’apprentissage des langues.»
Jean-Pierre Bezin, directeur de la Société biblique de Genève trouve «le concept intéressant». Lui non plus ne se risque pas à une estimation du coût d’un tel projet. La Société biblique de Genève possède les droits de plusieurs traduction en français, allemand et italien, dont la Bible Segond 21.