«Une paroisse est un ensemble de petits groupes»

Vincent Demaurex, pasteur à Clarens / ©DR
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Vincent Demaurex, pasteur à Clarens
©DR

«Une paroisse est un ensemble de petits groupes»

Ecclésioles
Vincent Demaurex a entrepris en 2017, dans le cadre de son bachelor, un travail de théologie pratique sur la notion d’ecclésiole. Alors que le terme refait surface en Eglises, le pasteur de Clarens revient pour Réformés sur sa recherche.

Parmi ses orientations approuvées en avril dernier, le Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud mentionne «les ecclésioles», «entités constituées sur le territoire d’une communauté de paroisses», qui ont «la charge d’un ou plusieurs domaines de la mission de l’Eglise». Vincent Demaurex s’était penché sur ce concept (voir encadré) dans le cadre de sa recherche de bachelor. Il s’intéressait au départ aux groupes de prière et de maison, mais les trouvait trop proches de la seule sphère évangélique. Le terme d’«ecclésiole» lui a paru plus pertinent pour le monde réformé. Explications.

Qu’avez-vous compris des ecclésioles, à partir de votre recherche?

D’abord la nécessité de facteurs de cohésion forts (l’âge, le style de vie, l’orientation sexuelle, la situation de vie) pour pouvoir vivre des choses d’ordre intime. Ces facteurs, tout comme la confiance mutuelle et un cadre qui les garantit, sont essentiels pour une expérience profonde à l’intérieur de ces groupes. J’ai ainsi connu des groupes de prière qui n’étaient pas ouverts à tous, mais demandaient l’accord préalable des membres. Ce côté électif me semblait peu compatible avec la théologie réformée, qui a une optique multitudiniste, avec des groupes ouverts à tous.

Mais à bien y regarder, j’ai constaté que des ecclésioles existent déjà en contexte réformé! Chaque paroisse est en réalité un ensemble de petits groupes, qui ne se mélangent que pour certaines occasions. Et y être pleinement accepté n’est pas toujours facile…

Que vous a apporté votre exploration historique des Eglises de maison?

Elles font particulièrement sens pour structurer l’Eglise en situation minoritaire: à l’époque de Paul, chez les frères moraves ou sous l’impulsion du réformateur strasbourgeois Martin Bucer. Dans ces contextes, les liens personnels et les facteurs de cohésion sont particulièrement importants pour permettre des échanges plus nourris.

De petits groupes autonomes devraient être écoutés, soutenus et encouragés par les communautés de paroisses.

Quel est l’intérêt des ecclésioles pour le renouvellement des Eglises protestantes aujourd’hui?

Elles permettent de mettre des mots sur le fonctionnement actuel de l’Eglise. Je ne vois pas ce concept comme un moyen de renouveler l’Eglise, mais plutôt d’alléger ses structures. De petits groupes autonomes devraient être écoutés, soutenus et encouragés par les communautés de paroisses, de la même manière qu’une équipe municipale accompagne les associations locales. L’enjeu principal est d’abord celui des cultes qui, à terme, ne pourront plus tous être assurés, étant donné la diminution annoncée du nombre de ministres. Si des groupes locaux de laïcs ont l’envie et l’énergie d’animer un lieu, il faut tout faire pour leur permettre de continuer.

Source: «Comment et à quelles conditions les groupes de maison peuvent-ils être source de renouveau pour l’Eglise?», Vincent Demaurex, Les Cahiers de l’ILTP, mars 2017.

En libre accès sur la page des Cahiers de l'Institut lémanique de théologie pratique.

Définition

Une ecclésiole est «un rassemblement de chrétiens qui se retrouvent, hors des célébrations habituelles de leur lieu d’Eglise, pour mettre en commun leur foi. Un tel groupe est donc un sous-ensemble plus ou moins lié à l’Eglise locale, mais ne tend pas à s’y substituer. Il se différencie des fédérations d’Eglises de maison où chaque communauté se considère comme une Eglise à part entière».