La prééminence de l’amour

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La prééminence de l’amour

L’amour, moteur de de la foi ? Un billet du pasteur de Rondchâtel Gilles Bourquin, paru dans le Journal du Jura, le samedi 1er juin.

« Maintenant donc ces trois-là demeurent, la foi, l’espérance et l’amour, mais l’amour est le plus grand » (1 Co 13,13). Il est étonnant que l’apôtre Paul accorde la prééminence à l’amour en ce célèbre passage, souvent lu lors des mariages. Dans ses autres épîtres, en effet, il privilégie la foi, qui seule nous permet d’accéder au salut : « Ainsi donc, justifiés par la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Ro 5,1).

Contrairement à la foi, l’amour n’est pas une notion spécifiquement religieuse. Il se manifeste dans le cœur par un attachement à la personne aimée, et dans les actes par une attitude bienveillante envers cette personne, pouvant aller jusqu’au sacrifice de soi. Mais notre amour peut aussi avoir une composante égoïste, quand il nous rend dépendants de la personne aimée. Alors, nous n’aimons pas l’autre pour lui-même, mais pour nous-mêmes.

L’amour se manifeste à de nombreux niveaux, dans la sexualité, dans le couple, dans la famille, envers le prochain dans le besoin, dans l’accueil des réfugiés, etc. Nous pouvons aimer des êtres humains, mais aussi des animaux ou des écosystèmes (comme la forêt, par exemple), ou enfin, des personnes invisibles, comme les dieux. La Bible nous commande d’aimer Dieu de tout notre cœur, et notre prochain comme nous-mêmes (Mt 22,34-40).

Si la foi est tant importante dans la pensée de Paul, c’est parce que l’apôtre est conscient des limites de notre amour humain. Selon la foi chrétienne, pour parvenir à aimer de façon libre et généreuse, nous avons d’abord besoin d’être aimés par Dieu, au travers de l’affection reçue de nos parents, par exemple. Ainsi, la foi est primordiale parce qu’elle nous conduit à être aimés et à aimer comme Dieu aime, mais l’Amour est son but ultime.

Les religions orientales (hindouisme, taoïsme, bouddhisme, etc.) divergent des religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam) dans leur manière de comprendre la place ultime de l’Amour. En Occident, les personnes sont éternelles, et l’amour est le lien qui les relie. En Orient, les personnes se fondent ultimement dans l’amour éternel. En tant que chrétien, je suis attaché à la vision occidentale de l’amour, mais l’orientale a aussi du sens.