La fermeture du LAB, un regard de l’extérieur
Étant abonné au Courrier de Genève, j’ai pu lire l’article de l’édition du 21 novembre concernant la décision du Conseil du Consistoire de l’Église protestante de Genève de fermer à la fin de l’année le LAB, cette entité créée en 2015 et destinée à être un « espace pour de jeunes adultes ». Sans trop vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, je me permets un regard de l’extérieur, car j’avais entendu beaucoup de bien de ce qui se faisait au LAB.
Il y a bien sûr des raisons financières, mais dans ce cas, il faut toujours voir pourquoi telle entité plutôt que telle autre en fait les frais. Il semblerait que le LAB se soit éloigné de « sa mission d’origine » : au lieu de « questions spirituelles et existentielles », il se serait trop occupé de « questions sociales ou identitaires ». Bienheureux Conseil, qui sait si bien distinguer les questions des jeunes ! Les questions existentielles sont-elles vraiment sans lien avec les problèmes d’identité, et le social et le spirituel n’ont-ils vraiment rien en commun ? Étranges oppositions…
Il s’ajoute le reproche du militantisme. Mais je me demande si les Églises n’auraient pas justement besoin d’un peu plus de militance, elles qui sont devenues bien frileuses par rapport à des enjeux de la société actuelle. La tradition propose de distinguer entre l’Église militante, celle d’ici-bas, qui s’engage et lutte, et l’Église triomphante, qui, dans l’au-delà, contemple déjà la gloire de Dieu. À trop vouloir restreindre la militance, ne serions-nous pas tentés de nous considérer déjà un peu comme l’Église triomphante ? Les Réformateurs, en tout cas, soulignaient l’exigence d’être une Ecclesia militans.
Alors, quel mal à ce que « les jeunes adultes » s’occupent d’écologie, de racisme, d’inclusivité et de solidarité ? Les autorités d’Église font-elles bien de contester de tels soucis d’intégration sociale, elles qui n’ont même pas réussi à exprimer clairement leur soutien de la loi sur la protection du climat en juin passé ?
Une Église qui veut fermer la porte d’un lieu militant soucieux de dialoguer avec le monde d’aujourd’hui ne s’est-elle pas, elle, « éloignée de sa mission d’origine » ?
Pierre Bühler, Neuchâtel