Redoublons de prière pour la paix ! L’appel du Conseil œcuménique des Églises

21 juin 2023, Genève: Prière d'ouverture à la chapelle du Centre oecuménique, quand le Comité central du Conseil oecuménique des Eglises se réunit à Genève du 21 au 27 juin 2023, pour sa première réunion plénière après la 11e Assemblée du COE à Karlsruhe en 2022.
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21 juin 2023, Genève: Prière d'ouverture à la chapelle du Centre oecuménique, quand le Comité central du Conseil oecuménique des Eglises se réunit à Genève du 21 au 27 juin 2023, pour sa première réunion plénière après la 11e Assemblée du COE à Karlsruhe en 2022.

Redoublons de prière pour la paix ! L’appel du Conseil œcuménique des Églises

Par Martin Hoegger
24 juin 2023

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Genève, 21 juin 2023. Lors de la célébration d’ouverture du comité central du Conseil œcuménique des Églises, le patriarche Bartholomée (Église orthodoxe, Constantinople) n’y est pas allé de main morte. Il a critiqué « l’alignement de l’Église de l’État agresseur dirigée par le patriarche Cyrille ». Il voit dans cette position « une réalité brutale et douloureuse qui a d’ores et déjà mis en péril, pour plusieurs générations, l’avenir du christianisme orthodoxe dans les pays slaves ». Il prie pour que « cesse la politisation déplacée et inconsidérée de l’Église en Russie.  Nous ne pouvons et nous ne devons pas laisser la militarisation de notre foi chrétienne devenir la norme ». (Lire ici son texte)

Tout de suite après le culte, l’évêque luthérien H. Bedford-Strohm, président du comité central, met des gants. Pour lui, si le COE ne peut garder le silence sur l’injustice et a condamné dès le début la guerre en Ukraine, il a surtout une vocation de réconciliation.  « Si les Églises elles-mêmes ne sont pas capables de tisser des liens dans des conflits où les deux parties se considèrent comme chrétiennes, qui le fera ? Si nous n’essayons pas, si nous nous contentons de copier les activités hostiles des parties qui se battent entre elles, à quoi servons-nous en tant qu’Églises? Nous trahirions notre Seigneur Jésus Christ dont l’Épître aux Éphésiens dit: «C’est lui [...] qui est notre paix» (Ep 2,14) ! » Dès le commencement, il y a 75 ans, le COE s’est engagé dans cette voie.

C’est pourquoi, conduite par son secrétaire général Jerry Pillay, une délégation du COE a visité les Églises orthodoxes en Ukraine et en Russie pour voir comment ces Églises pourraient contribuer au rétablissement de la paix. Il les a invitées à une table ronde qui devrait se tenir à Genève, cette année. Invitation que les Églises ont acceptée.

Fernando Enns, délégué de l’Église mennonite au comité central, soutient cette démarche. Il estime que la vocation de l’Église est de guérir les relations brisées. Il faut inviter autour de la table les autres Églises des deux pays, pas seulement les orthodoxes. Également des femmes, et pas seulement des hommes, car celles-ci sont beaucoup plus préoccupées par les relations.

 

Appel à toutes les Églises à une prière constante pour la paix

J. Pillay insiste sur « le rôle et la responsabilité des chrétiens par rapport aux conflits armés et aux menaces de force armée, l’appel biblique à être des artisans de la paix, et les préoccupations concernant l’utilisation abusive du langage religieux et de l’autorité religieuse pour justifier ou soutenir la violence armée et l’invasion ».

Le secrétaire général appelle surtout les Églises du monde entier à prier pour l’intervention de Dieu dans cette dramatique situation, car les chrétiens ne peuvent se contenter d’une analyse politique. Il faut ouvrir les Écritures où Jésus nous appelle à la paix. « Prier ensemble nous rappelle constamment que nous sommes appelés par Dieu à accomplir sa mission dans le monde. La prière nous permet de nous sentir en permanence centrés, concentrés, et encouragés...Elle nous donne la sagesse, l’énergie, et l’inspiration pour faire la différence ».

La prière est aussi indispensable pour soutenir la proposition d’inviter ukrainiens et russes orthodoxes autour d’une table. Celle-ci a suscité quelques questionnements dans l’assemblée. Est-elle réaliste, trop optimiste ? Actuellement aucun changement d’attitude n’est constaté de la part des dirigeants de l’Église orthodoxe russe. Comment les mettre autour d’une table dans un contexte de guerre chaude ? D’autant que la délégation russe au comité central s’est sentie insultée par les propos du patriarche Bartholomée.

Bedford-Strohm en est convaincu : il faut essayer d’organiser cette table ronde. Nul ne connaît le résultat du dialogue, mais il est sûr que cet effort ne sera pas vain. C’est pourquoi la prière est essentielle. « A l’assemblée du COE à Karlsruhe nous avons prié et cela a débloqué la situation. La prière nous ramène à notre loyauté première qui est Christ. Quand nous réalisons que ce n’est pas le cas, par exemple quand la loyauté première va à un gouvernement, nous devons nous interpeller les uns les autres. Jésus-Christ est notre base et rien d’autre ».

Pour J. Pillay, il ne faut pas parler d’optimisme, mais de foi. A Karlsruhe, le COE a déclaré cette guerre immorale, illégale et injustifiable. Mais cela ne veut pas dire qu’il faille rester inactif. Peu a été fait pour trouver une solution à ce conflit très complexe. « Cela montre la nécessité pour les Églises de s’engager. Mais notre base doit être l’Évangile et l’appel du Christ à la paix ».

 

Photo : Célébration d'ouverture du comité central du COE-Hillert

 

 

Annexe :

EN 1925 LES ÉGLISES ONT CONDAMNÉ TOUTE GUERRE LORS DE LA CONFÉRENCE CHRÉTIENNE UNIVERSELLE DU "CHRISTIANISME PRATIQUE":

"Nous exhortons les Eglises à réfléchir avec nous sur les horreurs de la guerre et sur son incapacité à résoudre véritablement les différends entre les peuples ; nous les exhortons à prier et à travailler pour que s'accomplisse la promesse que, sous la conduite du Prince de la Paix, "la bonté et la fidélité se rencontreront, la justice et la paix s'embrasseront", (Psaume 85:10)"