Une bonne nouvelle à inscrire dans une réalité
Quelle place pour la religion dans les médias?
PAOLO MARIANI Les médias ont de la peine à savoir que faire de la religion. De plus en plus, l’on considère qu’elle fait partie de la sphère intime et l’on essaie donc de la mettre sous le tapis. On interroge ses liens à la loi, on conteste l’idée d’expressions religieuses qui auraient une place dans l’espace public. En conséquence, la presse a de la peine à traiter de spiritualité et se limite le plus souvent à couvrir les activité des institutions ecclésiales.
Mais les croyantes et les croyants savent-ils mieux ce qu’est la spiritualité? Comme ministre, j’ai rencontré régulièrement des personnes qui me disent: «Je suis croyant, mais je ne vais pas à l’église». D’où vient cette dichotomie? Probablement du fait qu’il est plus simple de parler de l’institution que de ce que l’on vit spirituellement.
Il faudrait aujourd’hui que l’on puisse dépasser l’institutionnel pour pouvoir parler de la mission. Ce que je constate, c’est que certains articles, par exemple autour du projet Jardin divers (maison de la diaconie à Lausanne), y sont parvenus en interrogeant la place de ce type de présence dans la société.
Mais il est difficile pour les médias de comprendre l’identité protestante tant elle est multiple.
Probablement qu’il y a une difficulté pour les protestants de donner une identité claire vers l’extérieur. Mais je pense qu’il existe une limite liée au protestantisme lui-même. Certains mouvements, y compris au sein du protestantisme, donnent des lignes claires, des règles à suivre. Mais ce à quoi je tiens beaucoup dans notre confession, c’est à la liberté. C’est une responsabilité donnée à chacun non pas pour se soumette à une doctrine figée, mais pour l’adapter aux réalités. Il ne s’agit pas simplement d’en changer le langage.
Et comment toucher les gens dans une société aussi morcelée que la nôtre?
Je pense qu’il faut prendre modèle sur ce qui existe et travailler à la fois sur le très macro, et sur le très micro. Sur ce qui nous relie tous, mais aussi sur ce qui nous touche plus personnellement. Sur Facebook, par exemple, sur un même intérêt, il peut y avoir des dizaines de groupes qui coexistent et chacun peut appartenir à plusieurs. Le modèle des institutions qui ont l’exclusivité ne fonctionne plus. Il n’est plus possible d’engager quelqu’un dans un comité pour 5 ans, mais il est possible de vivre quelque chose de vrai autour d’un projet, d’une activité.