Le poids de la tradition

La solidité de l'ancrage dans la tradition / Pixabay
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La solidité de l'ancrage dans la tradition
Pixabay

Le poids de la tradition

Par Anne-Sylvie Sprenger
18 mars 2023

C’est le choix de la prudence qu’a opéré, ce samedi 11 mars, l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud. Alors que son assemblée synodale (législatif) se devait d’élire trois nouveaux membres pour compléter son Exécutif suite aux récentes démissions, dont celle de sa présidente, celle-ci semble avoir fait clairement le choix de la raison. Ou plutôt de la tradition, s’écrieront certains. Du patriarcat, oseront même accuser quelques esprits chagrins.

Nous laisserons ici de côté le poste de ministre (pasteur ou diacre), qui n’était soumis à aucune concurrence. Du côté des deux postes de laïques à repourvoir, il est un fait que sur les 4 candidats (deux hommes, une femme, et un non-binaire), les votes se sont portés sur les deux candidats masculins, dont l’ancien conseiller d’Etat Philippe Leuba.

Il ne faudrait cependant pas réduire ces élections à une simple affaire de testostérone. Mais bien plus sérieusement au souci de ne pas diviser encore davantage une Eglise qui se veut terre d’accueil inconditionnel pour toutes les sensibilités.

C’est d’ailleurs peut-être pour cela que de nombreuses discussions en coulisses ont amené deux candidats supplémentaires à se déclarer après le dépôt officiel des candidatures. Entre une aspirante dite marquée par sa veine évangélique, soit très confessante et conservatrice,  et un postulant se référant au «pronom iel et à  la civilité Mondame», l’EERV a choisi... de ne pas choisir. Ou plutôt de refuser de se positionner entre ces deux visions du monde (et de l’Eglise) radicalement opposées – et qui ne font, dans les deux cas, aucunement l'unanimité.

Une façon d’affirmer sa volonté de réunir au-delà des clivages? Après les turbulences de ces derniers mois, l’appel au calme semble avoir été lancé. Et avec un pilote de ligne et un ancien conseiller d’Etat aux commandes, on se permet de rêver à un vol de fin de législature plus paisible, mais surtout mieux assuré. Car l’enjeu est de taille pour l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud, qui doit non seulement réduire sa voilure mais également prochainement travailler à la nouvelle convention de l’Etat avec les Eglises réformée et catholique. Dans ce contexte, le poids de la tradition – toujours majoritaire – peut sonner comme le meilleur des arguments.