EERV ingérable
Voilà que la présidente de l’EERV, pourtant excellente et reconnue pour ses compétences, démissionne.
Elle a jeté l’éponge et je n’en suis pas étonné. L’arène de la gouvernance de l’EERV est un véritable ring de boxe où des conceptions divergentes de ce que veut dire être un bon chrétien s’envoient directs et uppercuts.
J’ai été délégué au synode de l’EERV pendant deux législatures et libre de dire ce que je pensais, libre de mettre mon grain de sable dans les rouages d’un accord tacite entre législatif et exécutif, libre d’à coup d’amendements de couler un projet.
Officiellement je portais la voix d’une région administrative de l’EERV. Dans les faits je me représentais moi-même avec mes opinions et orientations théologiques au motif très protestant que Dieu et moi formions une majorité. Dans la réalité politique de notre canton les élus appartiennent à des groupes qui tiennent une ligne à laquelle le représentant se conforme. Dans l’EERV ce n’est pas ainsi, si bien qu’on ne peut que se poser des questions sur la représentativité des membres du législatif.
Avoir voix au synode et donc exercer un pouvoir législatif n’est pas sorcier. Il suffit de se présenter pour être élu vu que trouver un candidat prêt à sacrifier ses WE tient du miracle.
A l’époque, un de mes paroissiens notable veveysan, estimait que le mode de gouvernance de l’EERV avec un législatif déconnecté de groupes représentants des tendances au sein de l’EERV (comme c’est la norme au niveau communal et cantonal) c’était du « n’importe quoi ». Au vu des démissions successives au sein de notre exécutif, je me dis qu’il avait raison.
L’EERV est impossible à gouverner dans l’état actuel car ceux qui tiennent le couteau par le manche ne rendent des comptes à aucun groupe de pression ou d’appartenance qui leur dit comment voter. De fait, il est impossible pour l’exécutif de tenir une ligne de gouvernance qu’elle soit bonne ou mauvaise cela n’est pas le problème.
Que des citoyens/paroissiens libres de dire ce qui leur passe par la tête et du coup influencer la vie d’une institution prestigieuse comme l’est l’EERV est-ce là le modèle démocratique dont on peut se gausser dans l’EERV ? Chacun jugera.
A l’heure où les chiffres de l’appartenance religieuse dégringolent, la dernière des stratégies à adopter est celle de l’autruche qui consiste à produire toujours plus de textes législatifs et réglementaires pour encadrer une activité qui n’est plus qu’hypothétique.
Je n’ai pas pour habitude de cracher dans la soupe, mais arrive un moment où il faut prendre le taureau par les cornes et dire les choses.
La réalité est qu’une refondation fondamentale du mode de gouvernance de l’EERV est inévitable.
On peut décider que ça peut attendre, qu’on verra plus tard, que ce n’est pas la priorité au profit d’un énième programme pour attirer les jeunes et les familles...
Le jour où les familles rejoindront en masse l’EERV, cette dernière aura fini d’exister du fait de son incapacité à gérer sa transition vers une forme de gouvernance crédible.
Richard Falo