A la retraite : c'est quoi la suite ?

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Arrivés à la retraite : c'est quoi la suite ?
A la retraite : c'est quoi la suite ?

A la retraite : c'est quoi la suite ?

Par Pierre Farron
9 novembre 2022

Arrivés à la retraite : c'est quoi la suite ? * La réponse n'est pas évidente : jusqu'à la retraite, le travail - salarié mais il y aussi d'autres formes de travail - occupe le plus souvent  la majeure partie de nos vies.

Tout à coup ce travail s’arrête et cela cause un gros vide dans notre existence. La tentation, c'est de le combler immédiatement par d'autres activités. Ce n’est pas difficile : dans notre société, on repère rapidement les jeunes retraités en forme. On en rencontre alors qui se mettent très vite à dire : " avant je n'avais pas une minute. Maintenant j'ai plus d'une seconde."

Pour ne pas tomber dans ce piège, il faut commencer par un temps d'arrêt. Comme le dit une maxime juive : pour changer, il faut d'abord commencer par s'arrêter. C'est le sens profond du shabbat que nous sommes appelés à vivre régulièrement. En hébreu, le verbe shabbat ne signifie pas être inactif mais " faire cesser, interrompre ".

Comme dans le livre de l'Exode où le Pharaon dit à Moïse et Aaron :

« Maintenant que la population du pays est nombreuse, vous voudriez (littéralement) " leur faire shabbater " leurs corvées ! »  (Ex 5, 5)

Mais le shabbat n’est qu’une étape. Que faire après le shabbat ?  Il y a des choix à faire qui sont d'autant plus difficiles que notre Eglise, comme l'ensemble de notre société, ne sait pas bien quelle place donner aux retraités.

D'un côté, on proclame le sacerdoce universel. De l'autre, dès le jour de leur retraite, les ministres ne peuvent plus faire partie d'un Conseil ou du Synode alors qu'une personne laïque peut en faire partie sans limite d'âge.

Il est vrai qu'historiquement, il y a des raisons compréhensibles à cela. Jusque vers le milieu du siècle dernier, notre société était gouvernée par des gens âgés. Quand j'ai commencé à être pasteur, en 1978, les collègues âgés, ainsi que certains retraités, avaient encore un poids écrasant dans l’Eglise.

La première fois que je suis allé à une assemblée générale des pasteurs - qui n'était pas encore la Ministérielle, j'ai demandé la parole. Un collègue âgé qui était à côté de moi m'a dit sèchement :

" quand on est jeune, on commence par se taire ! "

Il est bien compréhensible qu'à un moment donné, on ait voulu donner davantage de place et de responsabilités aux autres générations. Mais est-il judicieux de dire à des gens qui ont acquis, au cours d'un long parcours professionnel, des savoirs et une expérience considérable : " maintenant c'est fini, vous pouvez vous reposer, faire du minigolf ou du macramé ? "

Pour ma part, je pense qu'il y a d'autres voies à chercher. Dans le mot retraité, il y a retrait, qui me convient bien. Mais être en retrait ne signifie pas être en dehors du tableau ou du moins ce ne devrait pas être le cas, en particulier dans une Eglise.

Pour ma part, il m'arrive, comme d'autres ministres retraités, d'apporter un soutien et parfois un accompagnement à des collègues plus jeunes, en formation ou au début de leur ministère.

Avec une vingtaine de collègues retraités de la Ministérielle, j'anime le Service Coup d'pouce qui offre gratuitement des aides ponctuelles à tous les collègues en activité : cultes, services funèbres et même, pour l'un d'entre nous, rencontre de catéchisme.

La culture humaine est fondée sur la mémoire. L'Eglise, comme toute la société, est menacée par l'oubli. Or les retraités sont porteurs de mémoire. Le passé n'a rien de normatif mais on construit sur le passé !

Dans la Bible le souvenir ou la mémoire ne sont pas des nostalgies d'un passé révolu. Quand le livre de l'Exode nous dit :  " Souviens-toi du jour du sabbat pour me le réserver " (Ex 20, 8) , il adresse une parole actuelle.

Quand Jésus dit : " Faites ceci en mémoire de moi " (1 Co 11, 24-25), il nous invite aujourd'hui à prendre part ensemble à son repas.

Alors, souvenons-nous de l'amour que nous recevons chaque jour de Dieu et qu'il nous invite, chacune et chacun à sa manière, à partager !

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* Large extrait d'une prédication faite à Morges le 7 novembre 2022 à l'occasion d'une manifestation organisée par le Conseil synodal et l'ORH pour fêter les ministres retraités et jubilaires.