« Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle car le premier ciel et la première terre avaient disparu et de mer il n’y avait plus... Apocalypse 21 :1

Avez-vous comme moi l’impression que le monde va droit dans le mur ? Les canicules, sécheresses et récoltes perdues ont des airs d’apocalypse.

Le changement climatique ne cesse de s'accélérer, alors même que les gouvernements signent des pactes pour le freiner sans oser les mesures radicales bien que responsables qui irriteraient les lobbies qui contribuent à la destruction de notre planète.  

Il est bien plus facile et rapide de détruire que de construire semble dire Jésus dans sa parabole des deux maisons. Un orage met à bas une construction qui a nécessité des mois ou années à se construire.

Jésus n’était pas le seul à le savoir. Sénèque était un philosophe romain contemporain de Jésus. Sénèque écrit à son ami Lucilius : « Un instant suffit pour renverser un empire. Si seulement toutes choses périssaient aussi lentement qu'elles naissaient... mais dans la réalité construire prend beaucoup de tempos alors que le chemin de la ruine est rapide. »

En d'autres termes : les systèmes s’écrasent plutôt que de se désagréger progressivement. On appelle ce phénomène la "falaise de Sénèque". Sénèque pensait peut-être à l'empire romain, qui bien qu'il ait eu 500 ans d’existence n’a mis que quelques décennies à s’auto-détruire.

Le professeur Ugo Bardi rejoint les intuitions de Sénèque. Il a formulé mathématiquement la montée et l’effondrement des civilisations. Ses graphiques montrent que le déclin n'est jamais progressif mais systématiquement précipité.

Il utilise la métaphore d’un ballon qu’on aurait pris du temps à gonfler et qui éclate instantanément au contact d’une épingle.

La révolution industrielle a commencé avec une seule machine à vapeur puis les combustibles fossiles ont pris le relais permettant à l'industrie de croître de façon exponentielle pendant deux siècles.

L’acceptation que le pillage des ressources naturelles pourrait également détruire la vie humaine à très court termes n'a pris que quelques années.  

Je vois chaque jour la falaise climatique de Sénèque se profiler toujours plus près de mon horizon. On annonçait aujourd’hui une projection de l’augmentation des températures de 2.7 degrés en 2050...

Les études de Bardi ne proposent qu’un maigre espoir : Un déclin progressif permet de s'accrocher pour un temps à des convictions dépassées. Un effondrement massif et brutal ouvre l'espace pour que de nouvelles solutions émergent.

C’est en termes modernes une interprétation possible des visions de Jean sur son île de Patmos qu’on a consigné dans son livre de l’Apocalypse.

Richard Falo

Photo by John Hult on Unsplash