St-François a 750 ans
Impossible d’énumérer les concerts, contes, lectures, performances, expositions, conférences, balades qui émaillent ce 750e anniversaire. Tapez 750esf.ch pour trouver, mois par mois, un programme ébouriffant. Bien dans la manière de L’Esprit Sainf qui depuis onze ans ouvre le temple à la cité par le biais de l’art.
Le pasteur Jean-François Ramelet n’aime pas qu’on le dise ainsi: l’association Hospitalité artistique qui anime l’Esprit sainf ne considère pas ses activités comme un hameçon de prosélytisme. Pas de marketing, ni de statistique d’audimat, seule importe la rencontre.
Avec l’autre; avec les œuvres; avec soi-même ; et avec le divin, peut-être. «L’hospitalité est une manière de parler du divin. Dieu est hôte, au double sens du terme: il s’invite et nous invite tout à la fois.» Or l’art a au moins un trait en commun avec le divin: il est «indisponible».
Drôle de mot? Indisponible au sens où nul ne peut en disposer, le maîtriser. De même que le texte biblique nous échappe par son infinie profondeur, on ne peut pas saisir toutes les dimensions, l’entier du sens des œuvres d’art. ‹Indisponibles›, les Ecritures et l’art suscitent en nous beaucoup de choses, nous rencontrent et nous ouvrent.»
Le sacré se repère dans notre quotidien
Jean-François Ramelet suivait une intuition en ouvrant à la population cette église si familière de l’extérieur et si peu de l’intérieur: «Chaque fois qu’on rencontre l’autre – improbable, inattendu – quelque chose de l’ordre de la transcendance se joue.» Et l’art est un puissant médium de rencontre. «Quand je suis face à une œuvre, j’ai l’impression qu’il n’existe pas un domaine réservé du sacré. Il y a dans la culture une dimension verticale et l’on y trouve parfois en filigrane une résonance avec les Ecritures. La poésie peut revêtir cette dimension-là, comme les arts plastiques et, bien sûr, la musique. L’expérience artistique peut ouvrir, à qui veut s’ouvrir, la possibilité d’une expérience spirituelle.»
Ce pasteur se méfie d’une religion analgésique qui rassure. «Le Christ pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Jésus vit ‹Dieu› plus qu’il ne le dit. Le sacré (s’il faut garder ce mot) se repère dans son quotidien. Une trace du divin, c’est la révolte, la déception que beaucoup de gens éprouvent par rapport à l’homme et au monde. Ça veut dire qu’ils ont une attente et sentent le décalage entre ce que l’on est et ce que l’on est appelé à être.» La confrontation aux productions artistiques «nous ouvre à la rencontre avec ‹l’inouï je-ne-sais-quoi› (Jean Mambrino *) et avec soi-même ».
*Poète français jésuite (1923-2012)
Avril flamboyant sur www.750esf.ch
Incrociato, installation d’Ignazio Bettua, lui inspire une performance autour de cette vision stupéfiante de la Croix. Lectures et musique avec «Pâques en jazz», du 12 au 16 avril. Avec notamment le saxophoniste Raphaël Imbert, passionné du lien entre musique et spiritualité.
Du 16 avril au 3 juin, expo «Apparitions» d’Anne-Marie Gbindoun. Inspirée par l’Evangile selon saint Marc et par son enfance béninoise auprès de sa grand-mère chrétienne de cultures mina et fon, l’artiste retrouve les couleurs de son enfance. Celles-ci traduisent la trace du Christ: «Les dégradés, la lumière, c’est son énergie qui apparaît; ce qui reste de lui, c’est sa Parole.»