Temple de la Fusterie: un chantier complexe
Prévue de longue date, la nécessaire restauration et adaptation du temple de la Fusterie a déjà été repoussée à de multiples reprises. Le démarrage du chantier aura-t-il bien lieu ce printemps ou subira-t-il un énième retard? «Techniquement, nous aurions été à même de démarrer mi-avril. Les incertitudes sont à trois niveaux: la disponibilité des entreprises et du matériel, mais également un dépassement de budget», explique Christian Fœhr, l’architecte chargé de l’ambitieux projet. La crise sanitaire avait déjà eu comme conséquences à la fois des délais de livraison de matériel incertains et la hausse du coût de certaines matières premières. La guerre en Ukraine péjore encore la situation. «Les marchés se sont affolés. Le cours de l’acier a, par exemple, augmenté en flèche. Si l’on additionne ces plus-values et les frais liés à des changements techniques, le dépassement se monte à 300 000 francs», précise Christian Foehr.
Tout a commencé en 2012
Les études préliminaires ont débuté dès 2012, sous la houlette de la Fondation pour la conservation des temples, qui a diligenté le projet à la demande de l’Eglise protestante de Genève. Le dépôt de la requête définitive en autorisation de construire a été effectué cinq ans plus tard. Le processus qui a suivi s’est révélé plus complexe que prévu. «Cela a été un long chemin pour expliquer la nature et l’enjeu des travaux», se rappelle Christian Fœhr. Des tassements différentiels considérables ont été constatés, conséquence du fait que les fondations reposent sur du limon lacustre instable. Aujourd’hui, l’écart d’altitude entre les deux extrémités de l’édifice est d’environ 28 cm!
L’instabilité des fondations doit être résolue avant le lancement de la restauration du temple proprement dite. « Une nappe superficielle, située 2 mètres sous le bâtiment, crée un mouvement qui fait bouger le temple et entraîne son affaissement. Avec les ingénieurs civils et les géotechniciens, nous prévoyons la mise en place de 135 pieux, qui s’appuieront, à 12 mètres de profondeur, sur une strate limoneuse préconsolidée », explique l’architecte.
Sous-sol agrandi
«La nature du sol rend tout cela très compliqué. La Fusterie est bâtie à l’emplacement d’un ancien port, comblé à la fin du XVIIe siècle par un mélange de matériaux…», rappelle Christian Fœhr. La nécessité d’excaver toute la surface du temple pour atteindre les fondations et ainsi stopper ce processus d’affaissement – un radier général en béton isolé et étanche sera mis en place pour la combler – permettra, par ailleurs, l’agrandissement du sous-sol. Ainsi, des espaces supplémentaires pourront être aménagés dans l’optique de la future exploitation de l’édifice. Cette première étape devrait durer environ dix-huit mois. La deuxième est prévue sur deux ans. Elle comprendra notamment la construction du plancher en bois massif, qui remplacera la dalle en béton coulée lors de la rénovation de 1976, la constitution d’espaces et, enfin, la restauration complète de l’édifice. Le chantier se fera en phase avec la nature de l’édifice et utilisera, contrainte supplémentaire, le maximum de matériaux renouvelables et respectueux de l’environnement. Le bâtiment sera également mis aux normes sur les aspects énergétique et sécuritaire.