Une religion née de repas partagés
«Le christianisme commence avec des agapes, c’est un élément constitutif de la communauté. On a, en tout cas, le sentiment, en lisant les lettres de Paul et les Actes des apôtres, que des repas se faisaient régulièrement», explique Olivier Bauer, professeur de théologie pratique à l’Université de Lausanne. «Peut-être pour des raisons pratiques: les aides apportées aux plus pauvres, aux veuves en particulier, prenaient alors la forme d’aliments et de boissons. Mais quand la communauté grandit, quand elle s’institutionnalise, ces moments de partage deviennent de plus en plus symboliques et codifiés», constate le chercheur. Reste que le repas partagé garde une place importante.
«Pour marquer les temps forts, l’on cherche à sortir de l’ordinaire. En particulier, on peut agir sur l’alimentation. Ainsi, il y a des fêtes durant lesquelles l’on s’abstient de manger alors que pendant d’autres, l’on va manger beaucoup ou de meilleure qualité.» Noël fait évidemment partie de la deuxième catégorie. «Aujourd’hui, ce repas se vit davantage en famille, famille élargie souvent. Mais les goûts partagés en communauté croyante survivent tout de même: dans les paroisses où il y a un culte le soir du 24 décembre, à la veille de Noël, il se termine régulièrement par des pâtisseries et du vin chaud!»