L’EERS, anciennement FEPS, c’est quoi ?
Sous le titre « Un Röstigraben chez les protestants », le journal Le Temps de ce 15 décembre (p.7) présente la déception des protestants de n’avoir pu placer une candidate romande à la tête de l’EERS et d’avoir à nouveau une présidence suisse alémanique alors que cela dure depuis 35 ans déjà.
L’EERS et « les protestants »
On peut réellement se demander si « les protestants » se sentent réellement concernés par cette « Eglise ». Ainsi que le relève très justement le Temps qui cite M. Philippe Kneubühler, « Du côté romand, l’EERS est perçue comme une entité à laquelle on s’identifie de moins en moins ». J’ajouterais : à supposer qu’on s’y soit jamais identifié même quand c’était la FEPS ». Il se peut bien d’ailleurs que le coup de grâce soit venu de cette transformation d’une Fédération d’Églises auxquelles les protestants pouvaient s’identifier parce que chaque Église existait dans le pluriel du nom. Maintenant, on ne se sent pas du tout membre « d’une » Église suisse, en tous les cas quand on est protestant. Nos Églises locales avec leurs rites, leurs coutumes, leurs spécificités bien humaines sont membres et se sentent membres de l’Église universelle. Mais de l’Église évangélique réformée de Suisse, qui prétend représenter les protestants, comment se sentir membre ?
La FEPS, fédération des Églises protestantes de Suisse, avait une petite légitimité « fonctionnelle »
On peut comprendre la nécessité pratique d’avoir une centralisation fédérée pour parler au nom des Églises protestantes de Suisse quand il s’agit de se faire entendre des autorités fédérales, afin de rééquilibrer le poids des protestants face aux catholiques représentés en Suisse par la Conférence des évêques. Mais, pour beaucoup de protestants (romands ?), la FEPS n’était que « fonctionnelle » et comme elle n’a jamais eu un véritable rayonnement spirituel, on prenait acte de certains de ses mots d’ordre, mais sans plus.
L’EERS, Église unique, même si les statuts parlent d’une « communion d’Églises », ne représente qu’elle-même.
Je me souviens du débat lors d’un synode de juin 2019, relatif aux nouveaux statuts de cet organe. Le OUI l’a emporté, hélas ! et largement. Mais je doute que cela ait le moins du monde contribué à l’enthousiasme des protestants pour un organe si « mystérieux ».
On comprend le désir de visibilité sur le plan suisse de certains responsables protestants, mais faut-il pour cela céder à la centralisation ? Par chance, les cantons restent souverains en matière de religion. L’intérêt d’une représentation sur le plan suisse, c’est de pouvoir officiellement affirmer la présence de protestants au même titre que de catholiques lors de certaines manifestations nationales.
Nous n’avons pas, en revanche, de « chefs religieux hiérarchiques » autre que le Christ, par conséquent, nous ne pouvons pas nous identifier à la personne qui préside l’EERS qu’elle parle français ou suisse allemand. Il n’y a pas de Röstigraben chez les protestants, il y a plutôt un fossé entre les protestants et l’EERS.