Un rapport sur la liberté religieuse en Inde qualifié d’hindouophobe

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Un rapport sur la liberté religieuse en Inde qualifié d’hindouophobe

Bhavya Dore
2 mars 2017
Le dernier rapport de la Commission américaine sur la liberté religieuse en Inde a été rejeté par le gouvernement indien qui l’a considéré comme hindouophobe

Photo: Des intouchables manifestent contre la discrimination © RNS/Reuters/Amit Dave

(RNS/Protestinter)

Mumbai – Les dirigeants politiques indiens ont rejeté un rapport émis par la Commission sur la liberté religieuse du gouvernement américain (United states commission on international religious freedom USCIRF), alors qu'un groupe hindou américain l’a qualifié d’hindouophobe. Cette Commission, un groupe indépendant et bipartite, a publié un rapport spécial au mois de février stipulant que le sort des minorités religieuses s'est détérioré sous le gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi.

Le rapport citait les lois anti-conversion indienne, la législation sur la protection des vaches et le traitement des soi-disant intouchables, comme des points préoccupants. Les vaches sont sacrées en Inde, et l'abattage de ces animaux est interdit dans la plupart des états. Toutefois, les groupes de protection des vaches se sont multipliés et ne craignent pas d’attaquer les minorités religieuses comme les musulmans qui ne considèrent pas les vaches comme sacrées.

Parallèlement, de nombreux intouchables et autres hindous de basse caste admettent se convertir à l'islam ou au christianisme principalement pour échapper aux préjugés et à l'oppression liés au système de caste. Bien que la Constitution indienne garantisse l'égalité religieuse, le rapport dit que «les minorités font face à de la discrimination et à de la persécution en raison des lois trop laxistes et imprécises, d'un système de justice pénale inefficace et d'un manque de cohérence de la jurisprudence».

Une série de gifles

Ce rapport n'est que le dernier d'une série de gifles à la nation majoritairement hindoue, qui figure sur une liste de surveillance de la Commission sur la liberté religieuse du gouvernement américain depuis 2009. Le ministère indien des Affaires étrangères a rejeté ce document, comme il l'avait fait avec les précédents rapports de 2015 et de 2016. Basée à Washington, la Commission est actuellement dirigée par le révérend Thomas Reese, un prêtre jésuite qui a été nommé par l'ancien président Barack Obama.

«Nous avons de sérieux doutes quant à leur crédibilité», a déclaré Vikas Swarup, le porte-parole du ministère, à propos de la Commission. Aux États-Unis, la Fondation américaine hindoue a accusé la Commission de mal interpréter la «nature et l'intention» des lois sur la protection des vaches et d'affirmer «que la discrimination fondée sur les castes est un enseignement religieux hindou plutôt qu'un problème social pernicieux».

«L'indéniable hindouophobie dans le lien entre la discrimination fondée sur les castes et la religion hindoue est sans précédent et doit être condamnée», a déclaré Suhag Shukla, le directeur exécutif de la Fondation américaine hindoue. Cette Fondation a suggéré que l'auteur du rapport, l'universitaire britannique Iqtidar Karamat Cheema, n'était pas fiable parce qu'il avait «toujours défendu les objectifs de la politique étrangère du Pakistan» et milité pour un Etat indépendant sikh.

Un record de tolérance

L'année dernière, le gouvernement indien a refusé aux membres de la Commission sur la liberté religieuse du gouvernement américain des visas afin d’évaluer la liberté religieuse dans le pays. Surendra Jain de la Vishwa Hindou Parishad, un groupe de droite, a insisté sur le fait que l'Inde présentait un record de tolérance tout en soupçonnant la Commission d’avoir des motifs cachés. «Ce n'est pas un rapport honnête, il cache une mission plus large de conversion», a-t-il relevé.

Dhruva Jaishankar, chercheur en politique étrangère à l’institut Brookings en Inde, a déclaré que de nombreux Indiens considéraient l’implication américaine comme une «ingérence inutile et condescendante dans ses affaires intérieures» et que la liberté religieuse en Inde était souvent mal comprise aux Etats-Unis. Il a également ajouté que les minorités religieuses «avaient des droits et des protections juridiques en Inde qui n’étaient pas accordés aux minorités de nombreux autres pays.