«Comme sur le Mayflower, c'est la galère!»
Comment réagissez-vous à cette nouvelle fermeture?
GABRIEL DE MONTMOLLIN Nous sommes tombés de nos chaises! Mais les quelques jours d’ouverture ont eu un très grand succès. Le monde actuel n’a pas complètement changé ses habitudes. Dès que les gens auront la possibilité de revenir, ils reviendront. Donc nous gardons tout un réservoir de propositions à mettre en valeur dès la réouverture. Mais aujourd’hui, nous sommes comme sur le Mayflower: c’est un peu la galère!
Est-ce que cela met le musée en péril?
76% de notre budget sont couverts par des donateurs privés, des fondations ou des particuliers. Ils ont continué à répondre présents en ce temps de crise. Les aides publiques s’élèvent à 4% et la billetterie représente 20% des entrées financières. Nous connaissons depuis mars une baisse de 75% de notre chiffre d’affaires. Les deux tiers des visiteurs sont des touristes étrangers qui ne peuvent plus venir. Nous avons pu obtenir les aides promises par l’État pour continuer à assurer le salaire de nos dix collaborateurs et ainsi éviter les licenciements, mais cela ne suffit pas pour retrouver l’équilibre. Nous sommes surtout inquiets sur le long terme, si nous ne pouvons pas retrouver prochainement l’activité qui est la nôtre.
Comment faites-vous pour poursuivre votre mission malgré le confinement?
Nous travaillons sur des projets comme la transformation du musée, avec un accès plus visible pour le public et une nouvelle scénographie, ainsi que sur les prochaines expositions temporaires. Nous avons d’énormes chantiers devant nous.
Comment imaginez-vous le musée du futur?
Comme un bon équilibre entre des œuvres uniques du passé qui créent de l’émotion et que l’on ne peut pas voir sans se déplacer, et des moyens techniques modernes permettant de consulter ces œuvres sans les abîmer.
Un temps fort de l’exposition?
Vous vous trouvez pendant cinq minutes sur le Mayflower, avec les premiers colons d’Amérique, un casque sur la tête et une visière sur les yeux. Et l’on vogue grâce à la réalité virtuelle! Nous exposons aussi le plus ancien livre d’histoire jamais écrit en Amérique.
La Réforme et les Etats-Unis
En novembre 1620, le Mayflower, vaisseau marchand parti d’Angleterre, arrive dans le Massachusetts. A son bord, les Pilgrims fathers, les Pères pèlerins, des réformés qui cherchent une terre où exercer leur liberté. Voilà le point de départ de l’exposition. 400 ans plus tard, que reste-t-il de ces premiers protestants arrivés en Amérique? Quelle est, de nos jours, l’identité religieuse des Ctats-Unis? Pour y réfléchir, le musée s’est procuré des oeuvres de 17 institutions muséales des États-Unis. Des extraits de films ou de musique offrent différents angles sur la religion en Amérique. Une exposition d’autant plus pertinente qu’elle entre en résonance avec l’actualité des élections américaines. Musée international de la Réforme (MIR), rue du Cloître 4, 1204 Genève. Plus d’informations sur www.mir.ch.