« L’instauration de la confiance est centrale dans la situation actuelle »
Les élections pour la présidence de l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS) sont pour bientôt. C’est donc avec intérêt que j’ai lu l’interview de Rita Famos, candidate alémanique à la succession de Gottfried Locher, parue vendredi passé sur le site de réformés.ch (23.10.2020). Étant très engagé ces temps en faveur de l’initiative pour des multinationales responsables, je me suis tout particulièrement intéressé à la manière dont elle a répondu à cette question en fin d’interview.
Je dois avouer que la position de la candidate ne m’est pas apparue très clairement. Certes, elle reconnaît qu’en étant proche des gens, on réalise les problèmes, et exprime sa fierté à l’égard des œuvres d’entraide des Églises d’avoir nommé ces problèmes et d’avoir apporté des solutions à la lumière de la foi chrétienne. Mais elle enchaîne en soulignant subitement que « nous devons rester indépendants ». Indépendants à l’égard de qui ? Apparemment à l’égard de l’engagement de ces œuvres d’entraide ? Et pourtant, elle vient de dire sa fierté à leur propos. Certes, on est d’accord que l’Église n’est « ni un parti politique ni une organisation lobbyiste ». Mais comment faut-il comprendre cet appel à l’indépendance, alors que la journaliste demandait justement comment l’Église compte s’impliquer. La conclusion logique est donc : pour Rita Famos, l’Église ne doit apparemment pas s’impliquer en la matière. Voilà qui a de quoi surprendre pour une candidate à la présidence d’un Conseil de l’EERS qui, depuis longtemps, affiche publiquement son soutien à l’initiative sur le site « Églises pour multinationales responsables » !
D’ailleurs, relue à partir de la fin, la réponse de Rita Famos frappe par l’usage de termes très vagues. Que veut dire « problèmes personnels et structurels » ? Pourquoi ne pas dire clairement « violations des droits humains et des standards environnementaux » ? Et que veut dire « des solutions à la lumière de notre culture chrétienne » ? Pourquoi ne pas parler de l’évidence centrale de l’initiative : comme tout un chacun, les multinationales doivent répondre de leurs actes ? C’est ce que les œuvres d’entraide des Églises défendent en soutenant l’initiative, et c’est de cela qu’il faut être fier.
Bref, relisant et relisant cette réponse, j’ai l’impression d’un grand embarras en la matière, conduisant Rita Famos à utiliser une langue de bois à la zurichoise. Pour parler de proximité : y aurait-il une manière de parler plus proche d’un PLR zurichois Ruedi Noser que d’un PLR tessinois Dick Marty ? Lorsque je lis, ailleurs dans l’interview, que « l’instauration de la confiance est centrale dans la situation actuelle », je dois avouer que, sur les multinationales en tout cas, je ne me sens pas vraiment mis en confiance…