D’après un folkloriste, les protestants suisses ont façonné les cultures européennes

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D’après un folkloriste, les protestants suisses ont façonné les cultures européennes

7 avril 2017
Un chercheur analyse l’impact sur les pays d’accueil des piétistes qui ont fui la Suisse aux XVIe et XVIIe siècles.

Image: Reunion d'une Eglise de Mission à Fyrbakken (DK). Anna Ancher (1859 - 1935)

Mayence/Spire (EPD/Protestinter). Selon le folkloriste mayençais Helmut Seebach, les réfugiés religieux protestants venus de Suisse ont fortement contribué à façonner le développement culturel de l’Europe et des Etats-Unis à partir des débuts de la réforme. Des groupes piétistes fuyant les persécutions sont partis aux XVIe et XVIIe siècles dans une «odyssée» en direction du nord, écrit Helmut Seebach dans la troisième partie d’une trilogie folkloriste traitant de l’influence de la Réforme suisse sur l’ensemble de l’Europe. Ce livre de plus de 300 pages doit paraître à la mi-avril.

Dans leurs mouvements migratoires, les réfugiés religieux alpins ont traversé la Hollande, l’Allemagne du Nord et le Danemark pour arriver jusqu’au sud de la Suède et de la Norvège, mais ils sont aussi partis vers le sud-ouest en direction des Pyrénées, écrit Helmut Seebach. Du fait de leur «culture supérieure dans tous les domaines de la vie et de l’économie humaines», ils ont modelé «dans leurs destinations de l’époque une nouvelle société basée sur leurs croyances et sur les modèles culturels ayant fait leurs preuves dans leur patrie alpine».

Pour preuve de sa thèse d’un transfert culturel européen du Sud vers le Nord, Helmut Seebach met en avant des traditions similaires au niveau de l’artisanat, de l’agriculture, de la religion, de la langue et des pratiques alimentaires dans les pays de l’époque. Les protestants de Suisse centrale, forts et travailleurs, auraient entre autres apporté avec eux leurs plans de construction pour des maisons et des bâtiments de stockage, et doté ceux-ci de dessins et de statues gardiennes magiques destinés à repousser le mal. On pourrait voir des formes précoces d’expression du courant culturel commun à toute l’Europe dans les gravures sur roche et bois des Alpes et de Scandinavie.

Dans la mode vestimentaire européenne aussi, l’esprit protestant est devenu visible après 1600: le codex religieux selon lequel seule une tenue simple était agréable à Dieu a, selon Helmut Seebach, régi l’habillement des femmes comme des hommes. Les Suisses réformés ont fini par partir également outre-mer en passant par le Palatinat: l’Irlande et, aux Etats-Unis, la Pennsylvanie se sont changées en «pays-modèles» protestants via l’introduction de nouvelles cultures, machines et méthodes agricoles.

La guerre de Trente Ans (1618-1648) a représenté une interruption temporaire de ce transfert culturel, qui s’est épanoui de nouveau —et de manière d’autant plus forte— à partir de 1650. A ce jour, on trouve des traces d’un art populaire commun marqué d’une «dominante protestante» en Europe centrale, en Scandinavie et en Pennsylvanie, résume Helmut Seebach.