Une Suisse économiquement responsable, c’est une guérison
Il y a diverses façons d'être un agent économique responsable et vigilant, à l'époque de Jésus comme aujourd'hui. Jésus veut une vigilance guérissante, pas une simple précaution prudente. Il a osé s'approcher des agents fiscaux des occupants romains (péagers, publicains sont leurs titres de fonction; collecteurs d'impôts aussi, chargés de l'imposition du commerce et non des foyers). Pourtant il les savait «malades», collabos et infidèles, aux yeux des fidèles, et il intervient comme soignant en disant : «Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler ceux qui se croient justes, mais ceux qui se reconnaissent infidèles.» (Marc 2,17)
Comment être une Suisse économiquement responsable au-delà des discours patriotiques et jusque dans les règles concrètes à voter et à défendre? Récemment à la radio, une entreprise importatrice se déclarait vigilante - mais sur quoi? Et la crise sanitaire aussi nous a appris la prudence : mais s'agit-il juste d'éviter des risques, des menaces?
Jésus annonçait bien davantage : l'efficacité de la guérison paternelle du Dieu d'Israël, plus pleine et plus grande que celle du pouvoir impérial des Romains. Au responsable d'une agence fiscale romaine nommé Lévi (un bon juif, donc!), il lance : «Suis-moi!», «Viens avec moi!» (v.14). Deviendra-t-il alors plus responsable ou moins? Cet appel délivre Lévi du conflit entre ses deux appartenances, de sa double responsabilité.
C’est que Lévi avait payé assez cher son agence fiscale pour vouloir ensuite en profiter, tout en se sentant sans doute subordonné et responsable devant l'Empire occupant... et désireux de revenir à son peuple et à l'efficacité de son Père. Lévi va donc changer de répondant, rester responsable - mais sans plus profiter pour son intérêt propre, mal placé. Jésus délivre Lévi de l'Empire dominateur et l’accepte malgré son intéressement temporaire à la fiscalité impériale. Il y a un pardon pour cet intérêt mal placé, et le péager se reconnaîtra infidèle et pécheur, mais pardonné. Responsable devant la fausse autorité jusque là, et désormais envers la bonne!
L'agent fiscal froid va devenir convivial et chaleureux, le complaisant va devenir un compagnon et un réconfort. Sa dette lui est remise, et il ne s'imposera donc plus sur ses compatriotes, mais les accueillera en frère. En voilà un, et d'autres sans doute, que Jésus a guéri!
Aujourd’hui de même, les agences administratives et économiques ont à être vigilantes : vont-elles contribuer au projet du Père de l’Humanité et aux besoins de tout son peuple ? Ce sont là des engagements autrement responsables que de prélever des taxes… et des intérêts! Finis les intérêts mal placés!
Nos entreprises et administrations ont peine à se reconnaître in-fidèles, irresponsables quand leurs intérêts priment sur les protections vitales des gens et des ressources naturelles. Or c'est simplement la loi commune du monde social que de poser ces bases vitales et de leur donner priorité : ainsi en sera-t-il dans la future loi que veulent nos Œuvres d'entraide et nos Églises avec leur initiative populaire fédérale pour des entreprises responsables, soumise au vote en novembre.
Vivement la guérison de certains gestionnaires d'entreprises suisses s'imposant au Sud de façon irrespectueuse! Cette irresponsabilité est une maladie qui se soigne - comme d'autres - par un retour sur soi... pour devenir responsable.
(Page 7 du blog 2020 : «L’économie gouvernée du dehors – comme nous»)