Quand les pratiques religieuses nuisent au travail

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Quand les pratiques religieuses nuisent au travail

Laurence Villoz
18 avril 2017
Un MOOC de cinq semaines propose des clés pour appréhender le fait religieux en entreprise
Réalisé par l’Université de la Polynésie française, ce cours sur internet commencera le 24 avril prochain.

Photo: Le professeur Lionel Honoré présente le MOOC, DR

«L’idée est de donner des repères par rapport aux pratiques religieuses sur le lieu de travail et surtout de montrer que ce n’est pas une question dramatique. J’ai toujours tendance à penser que c’est plutôt bon signe que les personnes expriment leurs croyances et leur foi, qu’elles s’investissent dans quelque chose qui les transcende un peu», explique Lionel Honoré, professeur en sciences de gestion à l’Université de la Polynésie française. A partir du 24 avril prochain, ce professeur propose un «massive open online course» (MOOC), soit un cours en ligne accessible à tous sur la gestion du fait religieux au travail.

Réparti sur cinq semaines, ce MOOC est principalement destiné aux directeurs d’entreprises et aux responsables des ressources humaines. Il comprend trois à quatre vidéos thématiques par semaine, ainsi que des exercices et des lectures: environ trois heures de travail hebdomadaires. «La question du fait religieux au travail se pose de plus en plus sans que ce soit véritablement problématique pour la majorité des cas», souligne Lionel Honoré. Toutefois, certaines situations entravent le bon fonctionnement d’une entreprise.

Le refus de l’uniforme

«Par exemple, des employés qui s’opposent catégoriquement au port de tout uniforme de travail ou à toute contrainte sur leur tenue vestimentaire pour des raisons religieuses et qui portent leurs vêtements comme des étendards dans une logique de prosélytisme. Ou encore des personnes qui refusent de travailler avec des femmes ou qui veulent imposer à l’entreprise de former des groupes avec uniquement des coreligionnaires», illustre le spécialiste.

«En Europe continentale, ce genre de situation concerne principalement des musulmans. Mais dans le monde anglo-saxon, on va retrouver beaucoup d’hindous. Certains sikhs refusent d’enlever leur turban ou de laisser leur kirpan, le poignard traditionnel, à la maison. Les adventistes peuvent également revendiquer des horaires de travail précis. En gros, toutes les religions qui ont des règles contraignantes se heurtent assez naturellement aux règles de l’entreprise».

Du dialogue et des règles claires

Si dans la plupart des pays, le refus de travailler avec une personne de l’autre sexe est condamnable, l’entreprise doit avant tout établir des règles strictes. «Pour la grande majorité des cas, il suffit simplement de discuter, de privilégier le dialogue avec la priorité donnée au travail, c’est cela qui permet d’être équitable et juste. L’entreprise doit être très claire avec ses employés sur ce dont ils peuvent discuter et ce qui n’est pas négociable, tout en témoignant un soutien aux personnes concernées».

Le MOOC abordera, ainsi du 24 avril au 28 mai, la question de la liberté religieuse en lien avec la cohabitation. Lionel Honoré, qui dirige un observatoire du fait religieux en entreprise, proposera un état des lieux des religions dans l’espace de travail en mettant en évidence les enjeux pour le management, l’entreprise et les employés. Une séquence sera également consacrée à l’entrepreneuriat religieux. Le cours se terminera par une réflexion sur la place des personnes et sur le rôle politique de l’entreprise en tant qu’entité constitutive des sociétés modernes.

«C’est très important que les directeurs aient toujours en tête le respect des personnes et le respect de leur foi et de leurs croyances. Les syndicalistes et les managers ont souvent tendance à considérer que tout ce qui est de l’ordre de la religion appartient à un autre siècle. Or la foi, les croyances et la religion se respectent comme d’autres choses qui caractérisent une personne».

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