Quelle respectabilité?

George Floyd, deuxième à droite, tenant une Bible dans sa main avec ses amis de paroisse.
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George Floyd, deuxième à droite, tenant une Bible dans sa main avec ses amis de paroisse.

Quelle respectabilité?

Par Anne-Sylvie Sprenger
11 juin 2020

«George Floyd, un chrétien engagé»? La reprise de cet article, publié originellement sur www.chretiens.info et sélectionné dans nos repérages web, a suscité plusieurs réactions de la part de nos lecteurs. Comment osez-vous affirmer une chose pareille, nous a-t-on écrit, alors que l’homme a été condamné plusieurs fois par la justice, pour possession de drogue et vol à main armée? Une de ces réactions nous redirigeait même vers le document officiel du casier judiciaire de ce dernier, pour prouver ô combien George Floyd était loin de l’enfant de chœur décrit dans l’article que nous avions relayé.

Bien sûr, aucun de ces messages n’allait jusqu’à justifier le traitement inqualifiable dont il a été victime de la part de ces policiers. Pour autant, ceux-ci s’offusquaient clairement de l’idée que l’on puisse attribuer à cet individu le qualificatif de «chrétien engagé».

J’ai été choquée, indignée. Mais bon sang de bonsoir, quelle image a-t-on dans nos Églises de ce qu’est un «bon chrétien», pour se permettre de refuser ce terme à certains d’entre nous? Entre d’autres termes, quel degré de respectabilité se doit d’avoir un croyant pour que sa foi soit jugée recevable par sa communauté?

Ces insistants rappels concernant les délits de Georges Floyd me laissent un goût amer. Son passé (puisque les faits qui lui sont reprochés datent de 2007 pour les plus récents) est-il ainsi incompatible avec une identité chrétienne?

Et même s’il avait recommencé à être dans l’illégalité, en serait-il moins l’enfant de notre Dieu? Faut-il le rappeler: être chrétien ne signifie pas avoir un comportement parfait. Au contraire, la parole que porte l’Évangile s’adresse aux pécheurs, comme on dit. Soit à tout à chacun, tous aussi imparfaits que nous sommes.

Alors de quel droit pouvons-nous nous indigner des erreurs et faiblesses des autres? N’avons-nous pas, dans nos Églises mêmes, des conjoints violents, des contribuables frauduleux, des infidèles, des narcissiques et j’en passe? Y aurait-il dès lors des égarements qui soient plus respectables que d’autres?  

Si l’habit ne fait pas le moine, le statut social ne fait pas le croyant. Aux pharisiens imbus de leur propre valeur, Jésus préférait d’ailleurs largement la compagnie des misérables et délinquants, conscients de leur imperfection. C’est là, toute la grandeur de l’amour de Dieu: car «l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Éternel regarde au cœur».