Un pasteur ougandais brûle des Bibles

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Un pasteur ougandais brûle des Bibles

Frederick Nzwili
1 mai 2017
Mécontent par la traduction des termes «Saint-Esprit» dans certaines versions anglaises des Ecritures, un pasteur ougandais aurait mis le feu à des milliers de Bibles
Il les considérait comme des œuvres démoniaques.

Photo: Des Bibles en feu © RNS/Twitter

(RNS/Protestinter)

Un pasteur pentecôtiste à Kampala, la capitale de l’Ouganda, aurait incendié des milliers de bibles parce qu'elles étaient soi-disant «fausses» et «démoniaques». Le pasteur Aloysius Bugingo de la Chambre ministérielle de prière à Kampala a ordonné de mettre le feu à deux traductions anglaises de la Bible: la «Good News Bible», publiée en 1976, et la «King James» datant de 1611 parce qu’elles utilisent toutes deux l’expression «Holy Ghost» plutôt qu’«Holy Spirit» pour parler du Saint-Esprit.

Cet événement qui a eu lieu à la fin de la semaine de Pâques a choqué et irrité les chefs de l’Eglise dans le pays, qui l’ont considéré comme une insulte au christianisme. «Nous condamnons complètement cet acte», a déclaré l'évêque Herman Sentamu, directeur de la Passover Harvest Church, un grand groupe pentecôtiste en Ouganda, lors d'une interview téléphonique réalisée le mercredi 26 avril.

«Holy Ghost» et «Holy Spirit» sont des termes interchangeables dans la Trinité chrétienne composée de Dieu, du Fils et du Saint-Esprit. A la fin du 19e et au début du 20e siècle, le terme «Holy Spirit» a été plus largement utilisé et il est maintenant préféré par de nombreux chrétiens.

Les Bibles de 6000 membres

Le pasteur Aloysius Bugingo a recueilli les Bibles de sa congrégation de 6000 membres et les a mises au feu (http://allafrica.com/stories/201704240274.html). Il a également reproché à ces traductions d’avoir supprimé les mots «fasting», le jeûne en français, et «Lent», le carême, sans explication. La Good News Bible est une traduction de la Société biblique américaine.

Aloysius Bugingo aurait déclaré aux membres de sa communauté que les Bibles en question étaient l'œuvre d’«adorateurs du diable» et ne devaient pas embrouiller les chrétiens. Toutefois, le pasteur a nié avoir brûlé les Bibles affirmant que ses ennemis avaient organisé le brûlage, tout en rejetant la faute sur lui. Il a néanmoins déclaré vouloir créer une maison d'édition pour imprimer des «versions correctes» de la Bible.

Dans un article publié sur sa page Facebook, il a soutenu que l'Eglise croyait au «Holy Spirit», mais pas au «Holy Ghost». «Nous allons dire la vérité jusqu'à la fin de ce monde», peut-on lire également sur sa page. Herman Sentamu a estimé que les actions de ce pasteur découlaient de son ignorance. La Société biblique de l'Ouganda a déclaré qu'elle cherchait encore des preuves et pouvait demander des poursuites judiciaires contre le pasteur. «Brûler des Bibles est morbide», s’est exclamé Simon Mukhama, secrétaire général de la Société biblique de l'Ouganda. «La personne qui l'a fait doit être arrêtée immédiatement».