Arrêtées pour avoir prié en Corée du Nord, plusieurs victimes témoignent

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Arrêtées pour avoir prié en Corée du Nord, plusieurs victimes témoignent

Heather Adams
26 juin 2018
Emprisonné en 2007 pour avoir prié en Corée du Nord, l’Américain Kim Hak Song vient d’être relâché
Il raconte son incarcération.

Photo: Donald Trump, Kim Dong Chul, Kim Hak Song et Mike Pompeo (en arrière plan) RNS/AP Photo/Alex Brandon

, Los Angeles, RNS/Protestinter

En mai 2007, Kim Hak Song a pris le train en direction de Dandong en Chine, la ville frontalière par laquelle il est passé en Corée du Nord quelques semaines auparavant. Lors de ce trajet, il a été abordé par des membres du service de sécurité nord-coréen. Les agents gouvernementaux l'ont accusé d'actes hostiles envers la Corée du Nord, déclarant qu'ils avaient des preuves contre lui. Et qu’il avait intérêt à tout avouer.

«J'ai dû réfléchir… je ne savais pas ce que j'avais fait de mal», explique Kim Hak Song par l’intermédiaire d'un traducteur, début juin après un culte dans son église, l'Oriental Mission Church, à East Hollywood. Depuis qu'il a été libéré d'une prison de Corée du Nord le 9 mai dernier, Kim Hak Song prêche et raconte publiquement sa détention.

Prier est un crime

Quand il a demandé à ses geôliers quels actes hostiles il avait soi-disant commis contre la Corée du Nord, on lui a répondu que son crime était de prier. La prière pour Kim Hak Song est quelque chose de normal, mais pas pour le gouvernement nord-coréen.

Tout comme Tony Kim, un des autres détenus américains libérés le mois dernier, Kim Hak Song travaillait à l'Université des sciences et technologies à Pyongyang, une école fondée par des chrétiens évangéliques et fréquentée par l'élite de la Corée du Nord.

Né en Chine de parents coréens, Kim Hak Song est arrivé aux États-Unis dans les années 1990. Il y a obtenu sa citoyenneté et fréquenté le séminaire de théologie. C'est pendant ses études, selon lui, qu'il a commencé à s'intéresser à la situation des Nord-Coréens. Après sa consécration en 2004, Kim Hak Song est retourné en Chine pour étudier l'agriculture, puis il est parti vivre à Pyongyang. Il travaillait dans une ferme expérimentale dirigée par l'Université, peu avant son arrestation.

Kim Hak Song précise qu'il est allé en Chine avec la bénédiction et le soutien financier de l’Oriental Mission. Mais il s'est aventuré en Corée du Nord sans en avoir discuté avec les membres de son Église. «Lorsque nous avons appris que Kim Hak Song était parti en Corée du Nord, nous avons prié pour sa sécurité parce que nous savons ce qui se passe en Corée du Nord», explique le révérend Peter Joo, pasteur à l’Oriental Mission.

Kim Hak Song nie avoir enfreint les lois nord-coréennes contre le prosélytisme. Mais ses geôliers lui ont montré un courriel qu'il avait envoyé aux anciens de l'Oriental Mission, leur demandant de prier pour le peuple nord-coréen. Ils avaient aussi des documents montrant qu'il avait dirigé des sessions de prière pour un groupe de louange.

Près de 120'000 prisonniers

Selon le dernier rapport du Département d'État sur la liberté de religion internationale, la Corée du Nord détient près de 120'000 prisonniers politiques, dont 1'300 accusés de violations religieuses. Kim Hak Song dit qu'il n'a pas été torturé durant son emprisonnement, mais qu'il a souffert et lutté. Sa femme ajoute qu'il en subit encore le traumatisme.

Environ un mois après l'arrestation de Kim Hak Song, l'étudiant américain Otto Warmbier, qui purgeait une peine de 15 ans de prison après avoir été accusé de vol lors d'un voyage en Corée du Nord, est décédé brusquement peu après avoir été renvoyé à la maison. Dès lors, l'administration Trump avait intensifié les pressions sur la Corée du Nord pour faire libérer Kim Hak Song et les deux autres détenus américains.

Puis, les rapports entre la Corée du Nord et la Maison-Blanche ont commencé à s’améliorer. Le secrétaire d'État, Mike Pompeo, a entamé le dialogue avec Pyongyang en préliminaire du sommet prévu entre Trump et Kim Jong Un le 12 juin. Le 9 mai, le président Trump a annoncé que les trois détenus américains - Kim Dong Chul, Kim Hak Song et Tony Kim - rentraient à la maison dans l'avion avec Mike Pompeo.

Peter Joo raconte que ses paroissiens ont explosé de joie quand ils ont appris que Kim Hak Song était sain et sauf et en route pour les États-Unis. Désormais, Kim Hak Song n'a plus le droit de retourner en Chine ou en Corée du Nord. Mais il est convaincu que son passage en Corée du Nord n’a pas été vain. Pendant sa détention, Kim Hak Song raconte avoir pu expliquer le christianisme à un fonctionnaire. «Je suis reconnaissant et content d’avoir pu partager l'Évangile avec cette personne», raconte-t-il.

Sauvé par la prière

Il a également passé beaucoup de temps à prier durant sa détention - confessant ses péchés, les grands comme les petits, tout en étant reconnaissant et demandant à Dieu de veiller sur sa famille. Le jour où il a été libéré, il pensait qu'on était en train de le transférer. Les gardiens lui ont dit de prendre ses affaires et lui ont demandé s'il avait encore besoin de quelque chose. La réponse: sa Bible.

C'est seulement quand il est monté dans l'avion gouvernemental américain, Bible en main, qu'il a compris qu'on lui avait rendu la liberté. Kim Hak Song raconte qu'il ne savait rien des pourparlers entre les États-Unis et la Corée du Nord - la plupart du temps, il n'a même pas vu la lumière du jour ni su quel jour on était. Il a rêvé qu'il était assis dans la voiture de Trump et que le peuple américain l'applaudissait. «Ce rêve est devenu réalité, Dieu marche avec nous».

Depuis qu'il est rentré, il a pu combler son manque de hamburgers et s'est assuré que sa famille serait prise en charge financièrement s'il venait à mourir - une de ses grandes craintes quand il était en prison en Corée du Nord. «Les miracles de Dieu existent encore et la prière a toujours autant d'importance».