A travers le monde, la liberté de religion reste un combat

20e rapport de la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse au niveau international / USCIRF 2019 Annual Report
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20e rapport de la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse au niveau international
USCIRF 2019 Annual Report

A travers le monde, la liberté de religion reste un combat

RNS
29 avril 2019
La Commission des États-Unis sur la liberté religieuse au niveau international dénonce, dans son nouveau rapport, les pays où croire autrement reste perçu comme une trahison d’État.

«D'innombrables croyants et non-croyants à travers le monde ont continué en 2018 à connaître de multiples souffrances en raison de leurs convictions.» Tel est le constat dressé encore une fois par la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale, une organisation bipartite créée il y a tout juste vingt ans.

Dans son rapport de 234 pages, publié ce lundi 29 avril, la commission cite des dizaines de pays, mais note tout particulièrement la répression exercée en Chine  sur une série de croyances, religieuses ou non, telles que les bouddhistes tibétains, les chrétiens, les adeptes du Falun Gong, les musulmans ouïgours ou encore les défenseurs des droits humains.

Alors que le rapport annuel du Département d'État sur la liberté religieuse internationale couvre tous les pays du monde, à l'exception des États-Unis, cette commission documente chaque année moins de 30 pays qui subissent les violations les plus importantes en matière de liberté religieuse.

«Pays particulièrement préoccupants»

Dans son rapport, la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale recommande ainsi que le département d'État redésigne dix pays comme «pays particulièrement préoccupants»: à savoir la Birmanie, la Chine, l’Érythrée, l’Iran, la Corée du Nord, le Pakistan, l’Arabie saoudite, le Soudan, le Tadjikistan et le Turkménistan. En novembre dernier, le Département d’État a d’ailleurs lui-même opéré ce changement de statut.

En outre, elle estime que six pays supplémentaires devraient être cités comme «pays particulièrement préoccupants», soit la République centrafricaine, le Nigéria, la Russie, la Syrie, l’Ouzbékistan, la République centrafricaine et encore le Vietnam.

Douze pays ont par ailleurs été inscrits dans la catégorie numéro deux, soit le deuxième niveau le plus grave d'atteinte à la liberté religieuse, à savoir l’Afghanistan, l’Azerbaïdjan, le Bahreïn, Cuba, l’Égypte, l’Inde, l’Indonésie, l’Irak, le Kazakhstan, le Laos, la Malaisie et la Turquie.

La commission demande en outre au Département d'État d'énumérer cinq acteurs non étatiques, ou organisations échappant au contrôle d'un gouvernement, comme «entités particulièrement préoccupantes»: l'État islamique d'Irak et de Syrie, les talibans en Afghanistan, al-Shabab en Somalie, Houthis au Yémen et Hay'at Tahrir al-Sham, ou HTS, en Syrie.

Des camps de concentration

La Chine, tout comme la Russie et le Soudan, sont au centre des préoccupations de l'organisme de surveillance depuis 1999, lorsqu'il s'est préparé à citer dans son premier rapport les auteurs de violations de la liberté religieuse. Deux décennies plus tard, elle note que les musulmans ouïghours, en particulier, restent sévèrement réprimés par les autorités chinoises.

«Près de vingt ans plus tard, les musulmans sont constamment surveillés, leurs téléphones confisqués et scannés, leur peau piquée pour prélever des échantillons de sang afin de recueillir leur ADN, leurs enfants interdits d'accès à la mosquée», peut-on lire dans l'introduction du rapport. «Pire encore, le Gouvernement chinois a déchiré des familles entières, détenant entre 800 000 et 2 millions d'adultes dans des camps de concentration et reléguant certains de leurs enfants dans des orphelinats.»

La commission demande au Gouvernement des États-Unis et à d'autres dans le monde de sanctionner les agences et les responsables chinois pour leur rôle dans ces graves violations de la liberté religieuse et de libérer les ouïghours et autres musulmans. Elle appelle également à la libération des prisonniers d'opinion, y compris les musulmans, les bouddhistes et les chrétiens.

D'autres pays en dehors de la Chine sont également mis en avant, notamment le Vietnam, le Soudan et le Tadjikistan, qui, selon le rapport, asphyxient la liberté religieuse et permettent les persécutions. Par ailleurs, la Commission pointe l'Érythrée, la Russie ainsi que la Chine comme exemples de pays ramenant les minorités religieuses au statut d’«extrémistes».

En 2018, les acteurs étatiques et non étatiques ont de plus en plus utilisé la religion comme un outil d'exclusion pour isoler, marginaliser et punir «l'autre par la discrimination et la violence», affirme le rapport, citant en exemple les lois sur le blasphème en vigueur en Arabie saoudite et au Pakistan.

Succès, défis et budgets

Le rapport fait cependant aussi état de succès en matière de liberté religieuse – notamment de la libération du pasteur Andrew Brunson, un évangélique américain, d'une prison turque – et de défis constants pour l'administration Trump.

La commission recommande par ailleurs que l'administration nomme un conseiller spécial sur la liberté religieuse internationale au sein du personnel du Conseil national de sécurité. Elle cherche également à accroître le recours aux sanctions pour cibler les responsables gouvernementaux, les unités militaires et les organismes qui portent gravement atteinte à la liberté religieuse. Le rapport demande également à l'Agence des États-Unis pour le développement international et au département d'État d'aider les pays à fournir des manuels scolaires et d'autres matériels de formation qui décrivent avec précision les groupes religieux.

Le rapport, publié à la suite des attaques récentes contre des mosquées en Nouvelle-Zélande et des églises au Sri Lanka, appelle également l'administration à mettre de l'argent de côté pour que les Départements de l'État et de la Défense «forment et équipent les responsables locaux et les communautés pour protéger les lieux de culte et autres lieux saints, particulièrement dans les pays où ces sites sont exposés à un risque élevé d'attaque».

RNS/Protestinter