Laisser travailler la vie… - Printemps actif 3 : Difficile efficacité des richesses

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Difficile efficacité des richesses
Difficile efficacité des richesses

Laisser travailler la vie… - Printemps actif 3 : Difficile efficacité des richesses

Par Jean-Pierre Thévenaz
29 mars 2019

La porte du travail est encore plus étroite, découvrirons-nous aujourd’hui, que ce qu’annonçait déjà voici deux semaines le défi cité de Jésus, notre maître réparateur. Si chacun veut bien se porter sur la voie étroite conduisant à la vie, encore faut-il que les obstacles n’y soient pas irréductibles… Ce chemin deviendrait-il comme une passion, comme un carême ?

Les lieux de nos vies professionnelles et de nos activités sont toujours occupés et déterminés avant nous par des acteurs qui les contrôlent par leur puissance financière, et on voit de plus en plus faiblir les contre-pouvoirs (politiques ou sociaux) qui leur imposent des priorités et des règles autres que la rentabilité. Nos conditions de travail sont de plus en plus modelées par des contraintes financières et par la religion de la réussite. Tenterions-nous de servir à la fois le Dieu Créateur et le Dieu Argent ?

Comment développer alors une parole de confiance sur le monde du travail ? Ce monde économique se prendrait-il pour un dieu ? Serait-il devenu ingouvernable, incontrôlable ? C’est le constat de bien des Eglises qui se sont exprimées depuis 50 ans : il ne les amène pas à se taire, bien au contraire !

Jésus lui-même a expressément nommé un point faible de ce monde-là, un passage terriblement étroit, encore bien plus resserré que la porte étroite de tous nos chemins de vie : « Pour ceux qui ont des richesses, comme il est difficile d’accéder à l’efficacité de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille…» (Marc 10,23).

Si Jésus n’avait pas expressément voulu dire une chose pareille, on ne se serait pas rappelé la comparaison explosive qu’il a donnée ! L’inefficacité du monde de l’argent, ce n’est donc pas une découverte post-capitaliste ni marxiste : c’est un constat renouvelé de génération en génération, avant et après Jésus. Mais lui, voilà qu’il y ajoute la comparaison du chameau ! Sa parole est réparatrice parce qu’elle est un appel aux propriétaires à renverser leur logique pour devenir créateurs et à accéder à la vraie efficacité, aussi étroit que ce passage leur paraisse. « Vous ne pouvez servir à la fois le Créateur et l’Argent. » (Matt.6,24)

L’actualité mentionne quotidiennement des exemples d’investisseurs dont la pratique et la logique échappent à tout contrôle et à toute règle sociale, détruisant le travail de producteurs plus petits, menaçant les vies de consommateurs ou d’employés, ou polluant la planète Terre. Les violations des principes de précaution et de responsabilité sociale ne font pas assez l’objet de sanctions pénales immédiates et encore moins de mesures préventives. Les contre-pouvoirs mondiaux se développent, mais trop lentement. Que savons-nous d’ailleurs des actions du Conseil Œcuménique des Eglises à ce sujet ?

Pourquoi donc ne construisons-nous pas davantage de tels contre-pouvoirs mondiaux, comme le proposent nos œuvres d’entraide ? Place à la construction d’autres organisations du travail, d’autres propositions d’activités, d’autres formes d’investissements ! Place à l’efficacité créatrice, à l’épanouissement de la vie, à son travail productif ! Ce serait un printemps global…