Laisser travailler… en hiver 6 : le professionnel qui garde espoir
Le pire trou noir de l’hiver du travail, c’est l’absence d’embauche, la vaine recherche d’un emploi par l’employé ou d’un marché par l’employeur. Le travail ne pourra pas commencer si les conditions restent stériles et sèches : rien ne va pousser. Faut-il en faire son deuil ?
Les conditions économiques ne sont pas comme une maladie mortelle dont vous devriez accepter le verdict : même la mort, on ne l’accepte pas sans autre, et avant de faire son deuil on commence par chercher un coupable, un manque, une erreur ! Le chemin bien connu du deuil est l’abattement, l’autodéfense, l’accusation, puis l’acceptation, enfin l’adaptation : un chemin d’abandon forcé, de résignation à l’inefficacité… Est-ce celui qu’on propose dans un marché à sec ?
Jésus raconte une autre histoire, et notre travail aussi : un propriétaire s’intéressait à sa récolte, mais un professionnel (son employé dans l’histoire) s’intéressait à sauver ses cultures. Jésus a montré que face au propriétaire, c’est lui, le professionnel, qui va incarner l’efficacité invisible (le «Royaume de Dieu»), parce qu’il croit encore à ses expériences en matière de cultures, alors que son propriétaire a tiré un trait sur l’arbre sans fruits. « Depuis trois ans, je viens chercher des figues sur ce figuier, et je n’en trouve pas : couple-le ! », ordonne-t-il, mais l’autre répond : « Laisse-le encore un an : je vais creuser la terre tout autour et mettre de l’engrais. Ainsi l’an prochain il donnera peut-être des figues, et sinon tu me diras de le couper. » (Luc 13,9)
Le marché du travail a besoin de professionnels qui creusent encore, comme tous les marchés ont besoin d’être soignés pour être porteurs de fruits. La leçon de cette histoire n’a pas été tirée tant que les demandeurs d’emploi sont laissés seuls devant un marché stérile et sec : ce n’est pas à eux de gérer ce marché ni d’y courir en quête d’un créneau, quand leur métier est tout autre. Ils attendent plutôt que des professionnels disent qu’ils croient encore à l’utilité de leurs capacités et qu’ils vont faire le nécessaire.
Au lieu de cela, on met les demandeurs d’emploi en face de contrôleurs chargés de vérifier leurs demandes plutôt que de promouvoir les offres qui y répondront. Jésus, lui, préconise l’efficacité supérieure, comme celle du berger cherchant une brebis perdue ou celle d’une ménagère cherchant son argent perdu : cette efficacité réconcilie plutôt que de culpabiliser. Pas de résignation !
De nouveaux emplois remplacent certes ceux que l’on connaissait, et il est clair qu’une adaptation sera requise ; mais les titulaires de capacités professionnelles ne vont les perdre que si on les laisse attendre et végéter devant un marché du travail opaque et impénétrable. Ils ne sont pas les coupables d’une maladie mortelle qui serait venue tuer leur employabilité. Leur chômage, l’hiver de leur travail, n’est pas une mort : l’arbre de l’emploi doit plutôt encore être soigné pour donner des fruits l’an prochain.
D’ailleurs, dès fin février, avec l’arrivée des premiers pollens, c’est vers le printemps de nos travaux que nous allons nous laisser orienter par Jésus, notre thérapeute annonciateur de bonnes nouvelles.