L'impact du coronavirus

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[pas de légende]

L'impact du coronavirus

Par Gérard Pella
11 avril 2020

On parle beaucoup ces jours-ci - et cela se comprend - de l’impact du coronavirus :

  • l’impact direct sur la santé de la population, avec un nombre de malades et de morts qui augmente chaque jour ;
  • l’impact indirect sur l’économie, avec des plans de soutien ou de relance qui injectent des milliards de francs, de dollars ou d’euros ;
  • l’impact écologique de ce frein imposé à nos activités et à nos déplacements : moins de pollution, plus de biodiversité ;
  • l’impact social de ce nouveau mode de vie : encore moins de contacts avec l’entourage réel et encore plus de dépendance aux écrans, sans oublier quelques beaux élans de solidarité.

Quel sera l’impact spirituel de cette pandémie ?

Le virus agit dans le monde entier à la façon d’une charrue qui transperce violemment la surface de la terre, qui laboure sans pitié nos systèmes de protection et nos illusions de maîtrise, qui dévoile sans pitié notre vulnérabilité.

Quel sera l’impact spirituel de cette prise de conscience ? Sera-t-il durable ? Qui sèmera dans les sillons ouverts par cette crise ? Qu'est-ce qui germera de neuf ?

Je ne me risquerai pas à faire des pronostics. Mais, à la lumière de Vendredi saint et de Pâques, j’ose exprimer mon espérance. J’espère voir des coeurs s’ouvrir au message toujours neuf de l’Evangile :

  • L’amour fou de notre Dieu qui a pris corps humain et qui est venu s’exposer à tous nos virus - y compris l’incrédulité et l’autarcie - pour nous guérir et nous réconcilier avec lui.
  • La solidarité sans faille de Jésus, qui a traversé la souffrance et la mort pour nous ouvrir le chemin qui conduit à la maison de notre Père.
  • Le dynamisme discret de l’Esprit Saint qui vient déployer sa puissance de communion et de résurrection au coeur de notre vulnérabilité.

Oui, il suffit d’un coeur ouvert, qui accepte de faire confiance à ce Dieu qui nous cherche, pour que le changement commence à germer, en nous et dans le monde.

Cette lettre d’un médecin italien de 38 ans montre le genre d’impact spirituel que j’espère voir germer dans les sillons du coronavirus :

« Jamais dans mes cauchemars les plus fous je n’aurais imaginé voir ce qui se passe dans notre hôpital depuis 3 semaines...
D’abord quelques malades sont arrivés, puis des dizaines, puis des centaines, tous atteints de manière plus ou moins graves.
Maintenant nous ne sommes plus des médecins, mais des « aiguilleurs » qui envoient telle personne vers un lit de réanimation, telle autre chez elle pour mourir, alors même que tous ces patients ont payé les mêmes impôts dans notre pays, toute leur vie.

Jusqu’à il y a 2 semaines mes collègues et moi-même étions des athées convaincus. Ce qui est normal puisque nous sommes médecins et que l’on nous a appris que la science excluait la présence de Dieu. J’avais l’habitude de me moquer gentiment de mes parents quand ils allaient à l’église. Il y a 9 jours un pasteur âgé de 75 ans a été admis dans notre hôpital. C’était un homme bon et affable, souffrant de difficultés respiratoires graves. Il avait une Bible avec lui et nous a impressionnés par son attitude : il n’hésitait pas à en lire des passages aux autres malades et à tenir la main de ceux qui mouraient. Nous autres médecins étions exténués, à bout physiquement et psychologiquement mais, quand nous avions une minute, nous l’écoutions lire et prier.

Nous sommes au bout du rouleau, incapables de faire davantage. Les gens meurent autour de nous chaque jour. Deux de mes collègues viennent de mourir à leur tour et d’autres membres du personnel soignant ont contracté le virus. Nous avons enfin compris que nous devions nous adresser à Dieu pour Lui demander de nous venir à l’aide C’est ce que nous avons commencé à faire, quelques-uns d’entre nous, dès que nous avions quelques minutes de répit. Nous trouvons encore incroyable de rechercher ensemble aujourd’hui la Paix de Jésus alors que naguère nous étions des athées endurcis, et de Lui demander la grâce de continuer à aider tous ceux qui souffrent autour de nous.

Hier ce pasteur de 75 ans est mort. Alors que nous avons enregistré 120 décès en moins de 3 semaines dans notre seul service, la sienne nous a bouleversés. Malgré sa propre condition et nos dures conditions de travail, il avait réussi à nous insuffler une PAIX que nous cherchions ailleurs sans pouvoir la trouver. Ce pasteur est allé rejoindre son Seigneur et Maître et bientôt nous irons le rejoindre nous aussi si les conditions ne s’améliorent pas.

Cela fait 6 jours que je ne suis pas rentré chez moi. Je ne me souviens plus de mon dernier repas. Je comprends à présent combien petit je suis sur cette terre. Mais je tiens à utiliser toute mon énergie, jusqu’à mon dernier souffle, pour aider les autres. Je suis tellement heureux, grâce à ce pasteur, d’avoir fait le chemin vers Dieu, alors que je marche entouré de tant de souffrances de mes frères humains et que je fais face à la mort si souvent.»
 

Cette histoire est peut-être trop belle pour être vraie. J’apprends en effet - deux semaines après l'avoir transmise dans ce blog - que certains la considèrent comme une fake news. Peut-être… N’empêche qu’elle exprime bien quel type d’impact spirituel j’espère voir germer dans les sillons du coronavirus : des coeurs qui s’ouvrent à l’amour de Dieu, tel qu’il s’est révélé dans la personne, le ministère et le message de Jésus. Ce témoignage montre aussi de manière éclatante que l’amour manifesté par un.e chrétien.ne est un élément-clé pour ouvrir les coeurs.

« Mes témoins, c'est vous !» dit le Seigneur.