Trois semaines d’un calme étrange pour les uns, d’une activité accrue pour d’autres. Du temps, de l’inquiétude et de l’angoisse peut-être d’un côté et, de l’autre, des décisions à prendre, des mesures à décréter, des choix à faire, un travail à réinventer et de l’inquiétude aussi…

Un récit me trotte dans la tête depuis plusieurs jours. Le récit d’une nuit d’angoisse (Marc 14, 32-42). Jésus a peur, il est effrayé, il sue sa frayeur. La tristesse l’enveloppe d’un sentiment de mort, ces moments où l’on est au plus bas, quand ce que l’on avait bâti menace de s’effondrer, quand il n’y a plus de perspective de vie, quand l’on se sent fragile. Oui, une nuit où se perdent les repères.

Jésus ne réagit pas comme un héros, le prototype de l’homme fort. Il aimerait échapper à ce sort qui se présente à lui. Il a besoin de soutien ; il ne l’aura pas de ses plus proches, ses amis qui au cœur de la crise s’endorment. La supplique qu’il adresse à son Père, il la répète durant cette nuit d’angoisse. Jésus ne cherche pas le martyr. Il dit sa peur et demande à son Père de pouvoir éviter ce chemin de croix. Un temps de va et vient. Il prie, il va vers ses disciples, il revient à la prière. Il tourne en rond, signe sans doute de son agitation intérieure ; un temps nécessaire pour qu’en lui germe peu à peu l’acceptation, une forme de paix intérieure, le courage de s’abandonner.

Dans ce combat en solitaire avec son Père, il finit par accepter de s’engager sur le chemin qui le mènera à Golgotha. Impasse ultime aux yeux du plus grand nombre, sa mort en croix, à Pâques, dévoilera un horizon nouveau à celles et ceux qui l’aiment ; elle allumera une lumière douce et fragile qui continue à luire dans notre monde et ses drames, à l’image des bougies que nous allumons sur le rebord de nos fenêtres... Peut-être pouvons-nous apprendre ici qu’il y a plus de vie dans une mort qui a un sens que dans une vie vidée de son contenu.