Travailler, c’est soigner la convivialité du monde

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Travailler, c’est soigner la convivialité du monde
Travailler, c’est soigner la convivialité du monde

Travailler, c’est soigner la convivialité du monde

Par Jean-Pierre Thévenaz
30 septembre 2019

Nos activités servent en fin de compte à développer entre le monde et les gens des liens de convivialité : quand elles nous présentent confiants et compatissants, elles vont bien. Depuis longtemps, l’éthique des Eglises en matière économique incite les acteurs à l’attention, à la sensibilité, à la dimension sociale des activités humaines. Et partout où il y a des manques et des échecs, il faut retrouver cette confiance et cette compassion jusque dans le travail et l’économie! La paix des peuples est à ce prix : les Eglises d’Europe viennent de le redire à Paris lors d’une conférence pour les 100 ans du traité de paix de 1919.

Les choix d’investissements et les formes de gestion font ou défont la convivialité : celle-ci ne dépend donc pas simplement de décisions politiques, mais de volontés et de conditions qui rendront possibles ou impossibles ces responsabilités vitales de la pratique économique. Les revenus provenant de la production comme du commerce ne peuvent pas rester réservés aux propriétaires seulement : ils sont les éléments d’une convivialité concernant tous leurs partenaires, toute la société humaine. Economie et politique vont ici de pair, elles sont responsables ensemble de gérer un équilibre, une symétrie, une équité – et donc pas simplement un droit ou une justice.

Car fondamentalement tous les membres de la société doivent pouvoir vivre : que chacun soit approvisionné, que la prospérité soit partagée, que toutes les attentes et toutes les activités soient reconnues et qu’un bilan soit dressé pour couvrir l’intégralité des échanges – et donc pas simplement leur rentabilité! Telles sont les conditions d’une réelle convivialité.

L’inspiration de telles demandes, c’est l’appel thérapeutique de Jésus : «Faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Votre gain sera alors grand, et vous serez les enfants du Très-Haut, qui est bon pour les ingrats et les mauvais. Soyez compatissants comme votre Père est compatissant.» (Luc 6,35-36)

Il n’est pas question de gestes de charité ni d’aumônes ici, mais de convivialité, d’existence vécue en commun, de survie partagée, même avec les mauvais et les ingrats : c’est un défi économique que Jésus lançait là, vu que certaines personnes auront évidemment des besoins sans pouvoir payer en retour ce qui leur aura été avancé. D’autres subviendront donc, dans l’équilibre général qui aura été défendu et réalisé.

Car c’est effectivement avec générosité que la vie travaille, et notre économie peut l’imiter, si elle veut bien compatir lorsqu’il le faudra. Et alors, par nos activités, l’économie saura soigner la vie, comme la vie prend soin d’elle pour l’alimenter en ressources.


(Projets d’automne n° 3 = page 20 du blog «Laisser travailler la vie»)