Le patriarche syriaque orthodoxe critique les tentatives de conversion occidentales

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Le patriarche syriaque orthodoxe critique les tentatives de conversion occidentales

7 juin 2018
Ignace Ephrem II, le patriarche de l’Église syriaque orthodoxe, reproche aux organisations religieuses occidentales de faire de l’évangélisation dans les pays où elles apportent de l’aide, notamment en Irak et en Syrie

Photo: Ignace Ephrem II LDD

Novi Sad, Serbie (EPD/Protestinter) Ignace Ephrem II, patriarche de l’Église syriaque orthodoxe, a critiqué les tentatives de conversion de membres de son Église et d’autres croyants du Proche-Orient par des groupes occidentaux. «En Irak et en Syrie, tout particulièrement, certaines organisations et institutions religieuses tirent parti de la détresse des populations», a affirmé le dirigeant spirituel à l’occasion de l’assemblée plénière de la Conférence des Églises européennes (CEE) qui s’est déroulée du 31 mai au 6 juin à Novi Sad, en Serbie.

«Ces groupes aident des personnes dans le besoin, mais les amènent également à rejoindre leurs Églises et leurs organisations: c’est du prosélytisme», a déploré Ignace Ephrem II. Ce phénomène toucherait également «nos populations en Europe», a-t-il ajouté, se référant aux réfugiés originaires du Proche-Orient. «Ce n’est pas là ce que Jésus attend de nous.»

Le patriarche n’a pas précisé contre quels groupes en particulier se dirigeaient ces accusations. Il a cependant assez ouvertement fait part de ses reproches aux Églises membres de la CEE réunies à Novi Sad soulignant toutefois: «ce n’est ni la ligne politique ni la pratique d’une écrasante majorité des institutions représentées ici.»

Ignace Ephrem II s’est exprimé devant l’assemblée plénière de la CEE, qui rassemblait environ 500 participants et invités venus de toute l’Europe. À l’exception des catholiques, cette institution comprend toutes les grandes communautés chrétiennes du continent: protestants, anglicans, orthodoxes et vieux-catholiques. Son assemblée plénière, organisée tous les cinq ans, est l’occasion d’un rapprochement œcuménique et d’un débat sur des questions politiques et sociétales.

La disparition du christianisme

À en croire Ignace Ephrem II, le christianisme risque aujourd’hui de disparaître de son berceau historique au Proche-Orient. La sécurité, ainsi qu’un soutien financier, sont indispensables au maintien des populations concernées sur place. Il a également critiqué le fait que des réfugiés soient empêchés de retourner en Syrie. Certains gouvernements et organisations internationales auraient selon lui un intérêt politique à s’y opposer. L’une de leurs raisons: la crainte que ces personnes, une fois rentrées, ne donnent leur vote au président Bachar al-Assad lors des élections, a expliqué le patriarche, qui vit lui-même dans la capitale de Damas.

Il a par ailleurs salué l’Europe et, en premier lieu, ses Églises pour leur formidable hospitalité envers les millions de travailleurs et de réfugiés arrivés dans les dernières décennies, indépendamment de leur appartenance religieuse et ethnique. Cette attitude est en plein accord avec la foi chrétienne. «Parce que Dieu est amour, il montre aussi amitié et hospitalité envers chacun.» Jésus lui-même s’est retrouvé dès sa naissance sans foyer, et a ensuite dû s’enfuir en Égypte. C’est finalement dans la tombe d’un autre qu’il a été enterré, a rappelé Ignace Ephrem II, reprenant l’histoire biblique.

Dans le même temps, face à l’accueil des migrants, il a appelé les Églises européennes à se préoccuper de l’identité et des valeurs de leur continent, «qui sont, fondamentalement, des valeurs chrétiennes.» Cela s’impose tout particulièrement au vu de la progression de la sécularisation et de l’athéisme.