Une formation pour favoriser un engagement clair et assumé en faveur de l’éthique dans les soins
Répondre aux pressions économiques tout en assurant un traitement adéquat et humain du patient sans oublier de répondre aux sollicitations de son entourage: les professionnels des soins sont confrontés à des problèmes éthiques en permanence. À Lausanne, les services de la formation continue du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et de la haute école de la santé La Source proposent dès cet automne un Certificat d’études avancées (CAS) consacré au thème du leadership éthique et de la responsabilité professionnelle dans les organisations de santé.
En arrière-fond, l’idée que les lieux de soins doivent se doter de procédures de discussion et de suivi éthique. «La capacité de réagir avec éthique dépend du cadre. Bien que la responsabilité in fine soit toujours individuelle, l’entourage pourra encourager ou inhiber les prises de position éthiques», a affirmé Christine Félix, formatrice en éthique à La Source, mardi au CHUV lors d’une soirée d’information sur ce CAS à laquelle plus de 200 personnes s’étaient inscrites. «Les expériences sur le terrain, et la littérature montrent que sans un engagement clair et assumé des organisations, la dimension éthique et masquée par le flux des activités du quotidien», insiste pour sa part Marion Fischer, responsable du domaine droit et éthique au centre de formation du CHUV.
À l’issue des 15 jours de formations répartis sur une année et complétés de divers travaux, les bénéficiaires de la formation seront capables de mettre en place des processus délibératifs porteurs d’un «jugement éthique cohérent et argumenté», annonce le descriptif de la formation. Car les réponses ne sont pas toujours uniques, en la matière. Ainsi dans sa présentation Christine Félix a soulevé la tension qui existe parfois entre besoins individuels et collectifs.
Orateur invité lors de cette soirée de présentation du CAS, le sociologue et directeur des ressources humaines Stéphane Haefliger a démontré, non sans ironie, que de manière générale, le management est un monde bien pauvre en réflexion éthique, alors même que les entreprises n’ont jamais autant communiqué sur leurs valeurs.
«Longtemps les entreprises ont été dans le contrôle du temps et des tâches de leurs employés. Ensuite, on a voulu contrôler l’intériorité du personnel en lui faisant adhérer à des grands projets ou à de grandes valeurs. En fait, le management tente de conquérir de nouveaux éléments du collaborateur qui appartiennent stricto sensu à l’individualité», constate le chercheur qui conclut: «éthiquement, c’est discutable, et l’on constate qu’il y a beaucoup d’apprentis sorciers! C’est en cela que le management post-moderne pose une question éthique qui n’est, rassurez-vous, jamais discutée!»
Soirée d'informationUne seconde soirée d'information sur le CAS Leadership éthique et responsabilité professionnelle aura lieu le 12 juin 2018 à La Source.