Des milliers de missionnaires aux Jeux olympiques
Photo: Capture d’écran d’une vidéo YouTube présentant une campagne d’évangélisation à Pyeongchang, DR.
Par Madeline Mulkey, Pyeongchang, RNS/Protestinter
Pour ceux qui ont assisté aux Jeux olympiques d’hiver au travers de leur poste de télévision, les compétitions semblaient être éloignées du thème de la religion. Pourtant, en dehors des feux des projecteurs, on estime qu’environ 3000 missionnaires étaient à pied d’œuvre en Corée du Sud. Environ 2000 étaient à Gangneung où se déroulaient les compétitions en intérieur. Les 1000 autres travaillaient sur le site de Pyeongchang où se déroulaient les compétitions de ski, de snowboard et d’autres évènements.
Il n’y a pas de décompte fiable du nombre de missionnaires présents lors des précédentes olympiades. «Mais le nombre de missionnaires locaux présents en Corée dépasse largement ce que nous avons vu lors de précédents jeux», estime Marty Youngblood, responsable de l’équipe d’évangélisation de la Convention baptise de Georgie, rencontré sur place et qui participait pour la cinquième fois à des Jeux olympiques dans le but de partager sa foi.
La Corée du Sud est à 29% chrétienne —dont une majorité de protestants. La société y est très tolérante en matière religieuse. L’anniversaire de Bouddha et Noël sont tous deux des jours fériés officiels.
Les jeux d’hiver ont attiré des équipes d’évangélisation baptistes et méthodistes. Les témoins de Jéhova et les mormons étaient aussi présents. L’Union des Églises chrétiennes de Corée, une organisation qui regroupe 144 congrégations locales, a accueilli les missions étrangères en leur organisant des hébergements et des formations sur la culture coréenne.
Un café et un coin pour recharger son téléphoneLes Églises locales ont profité d’avoir les olympiades à leur pas de porte. Elles étaient souvent présentes avec des stands sur les parkings où elles offraient des encas, du café et de la littérature chrétienne. En plus de tout cela, l’Église presbytérienne Somang, située à quelques pas des installations olympiques présentait un spectacle avec un orchestre et des paroissiens portant le costume traditionnel coréen. Et ce n’était que l’une des 26 Églises de Gangneung qui s’était engagée dans des activités d’évangélisation durant les jeux.
Quant à l’Église des Saints des derniers jours (mormons), elle gérait un service d’aide sur deux étages dans un immeuble situé en face de la gare de Gangneung. Venue du Colorado, Chandler Petry a été choisie par son Église pour faire partie du petit groupe qui travaillait sur ce site durant les jeux. L’équipe plurilingue du site proposait aux athlètes, aux journalistes et aux spectateurs une boisson chaude et la possibilité de recharger leur téléphone. Mais leur but principal, selon le site de l’Église, était qu’un «maximum de personne voient la lumière de l’Évangile de Jésus-Christ dans le regard des missionnaires.»
Un millier de témoins de JéhovahEnviron 1000 missionnaires ont été envoyés par les témoins de Jéhovah. «Bien plus que lors des précédentes olympiades», selon Steven Park, chargé de la communication de la branche coréenne de l’organisation religieuse. Selon lui, le travail accompli à Gangneung et Pyeongchang n’est pas différent du ministère mené partout autour du monde. Certains missionnaires resteront après les olympiades.
Échange de pin’s et partage de convictionL’échange de pin’s est l’un des outils d’évangélisation les plus populaires parmi les missionnaires olympiques. Mungsu No, un aumônier universitaire de Séoul explique que les étudiants avec lesquels il travaille et issus de l’Union des étudiants baptistes, ont recours à ce passe-temps pour partager l’Évangile lors des ces jeux olympiques ainsi que lors de précédentes rencontres. Alors que les athlètes s’échangent des pin’s qui représentent un pays, un sport ou une équipe, les groupes d’évangélisation proposent un pin’s qui vaut «plus que de l’or», selon un slogan emprunté par un groupe de missionnaires qui a avait mis sur pied une campagne d’évangélisation pour les Jeux olympiques de 1990.
Dans les psaumes (ps 119:127) on lit: «J’aime les commandements de Dieu plus que l’or.» La référence avec les olympiades où une médaille d’or est la plus haute récompense espérées par les athlètes est employée par les missionnaires pour suggérer qu’il y a une récompense bien plus grande qui peut être trouvée par la foi.
Les missionnaires expérimentés dans l’art de l’échange de pin’s partagent leur savoir-faire avec la nouvelle génération. Ils font une première approche avec un pin’s non religieux, par exemple celui d’une équipe de saut à ski. Cela amène souvent à une conversation et la possibilité alors pour le missionnaire d’offrir le pin’s «plus que de l’or» comme cadeau.
Missionnaires venus de partoutCertains missionnaires qui étaient actifs ailleurs en Asie ont décidé de faire une pause pour se concentrer sur les olympiades. L’Américaine Katheryn Daniel qui est basée en Chine, c’est ainsi sentie appelée à travailler sur le site des Jeux olympiques en raison de son lien personnel avec la Corée. Elle a passé douze ans dans ce pays avec ses parents également missionnaires. Il y a neuf mois, elle a entendu que son père organisait une mission avec des retraités pour les Jeux olympiques et elle s’est dit: «je pense que Dieu me dit d’y aller!» Elle est restée une semaine en Corée, travaillant avec un groupe de la Convention baptiste de Georgie.
Rappel à l’ordreDurant le premier week-end des jeux, les groupes missionnaires pouvaient distribuer sans entrave de la littérature chrétienne au sein même de l’Esplanade olympique. Puis, les responsables ont posé des panneaux annonçant que la distribution de propagande religieuse était interdite sur le site et que ce matériel pouvait être confisqué. Mais pour Marty Youngblood, la Convention baptiste n’était pas concernée par cette interdiction, ses équipes recourant systématiquement à la technique de l’échange de pin’s et ne donnant des fascicules qu’à ceux qui en faisaient la demande. Selon A-lim Jang, fraichement diplômée et responsable d’un groupe de l’Union des étudiants baptistes, l’échange de pin’s lui a permis de partager l’Évangile avec de nombreuses personnes que Dieu avait mises sur son chemin.