Une décision de justice autorise à représenter Jésus avec un jean et des tatouages
Strasbourg (EPD/Protestinter). La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a estimé que des affiches publicitaires représentant Jésus avec des tatouages et un jean n’étaient pas contraires à la morale publique. Selon la décision rendue fin janvier à Strasbourg, l’amende prononcée en Lituanie contre cette image, ainsi que deux autres où l’on voyait également la Vierge Marie et des slogans tels que «Jésus, Marie, ce que vous portez!», va à l’encontre de la liberté d’expression. Ces affiches — qui ont fait l’objet de plusieurs plaintes, notamment de la part de l’Église catholique — ne sont pas excessivement choquantes, peut-on lire dans un communiqué de la Cour. La Lituanie devra verser au demandeur, une marque de mode installée dans sa capitale de Vilnius, 580 euros (670 fr) de dommages et intérêts. (No du dossier: 69 317/14)
Ces illustrations ont été diffusées dans le cadre d’une campagne publicitaire pour une nouvelle collection de mode, lancée en 2012 à Vilnius et en ligne. D’après le rappel des faits de la CEDH, l’autorité de protection des droits du consommateur SCRPA, ayant reçu diverses plaintes, a demandé l’avis de la Conférence des évêques lituaniens. L’institution religieuse a conclu que la dévalorisation de symboles religieux par un détournement délibéré de leur sens était contraire à la morale publique.
L’autorité a elle aussi rendu sa décision dans ce sens. Selon la CEDH, elle a également invoqué le fait que la campagne faisait la promotion d’un mode de vie incompatible avec les principes des croyants. L’autorité de protection des droits du consommateur a alors infligé à l’entreprise une amende d’environ 580 euros après conversion. La Cour suprême de Lituanie a par la suite confirmé cette sanction.
Le verdict de la CEDH reconnaît que de manière générale, la liberté d’expression peut être limitée au nom de la protection de la morale. Dans ce cas précis, un juste équilibre n’aurait cependant pas été ménagé. Les images incriminées n’ayant pas représenté un appel à la haine, les autorités lituaniennes auraient dû en justifier davantage le caractère d’infraction. En particulier, la Cour de justice de Strasbourg n’a pas reconnu le lien entre l’idée selon laquelle la campagne aurait promu un mode de vie incompatible avec les principes religieux et la protection de la morale publique en général.
Aussitôt la décision connue, l’entreprise Robert Kalinkin a annoncé sur les réseaux sociaux que des t-shirts arborant les visuels interdits en Lithuanie depuis 2013 étaient désormais disponibles à la vente.