Des rabbins israéliens cachent des réfugiés menacés d'expulsion

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Des rabbins israéliens cachent des réfugiés menacés d'expulsion

Michele Chabin
25 janvier 2018
À la suite de la décision de Benjamin Netanyahu de renvoyer tous les demandeurs d’asile africains dans leur pays, des rabbins se mobilisent pour leur offrir un asile ecclésiastique

Photo: Des réfugiés manifestent contre leur expulsion RNS/AP Photo/Oded Balilty

(RNS/Protestinter)

Jérusalem – Inspirée par les différents mouvements qui ont prôné le droit d’asile ecclésiastique à travers l’histoire, une femme rabbin reconnue en Israël a demandé à ses confrères de proposer des lieux refuges pour près de 40'000 demandeurs d’asile africains qui risquent d’être déportés par le gouvernement. Le rabbin Susan Silverman, sœur aînée de l’actrice américaine Sarah Silverman, est une activiste communautaire basée à Jérusalem. Par le passé, elle s’est faite arrêter pour avoir demandé que les femmes aient la permission de lire la Torah au pied du Mur des Lamentations.

En décembre dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que le gouvernement expulserait tous les demandeurs d’asile africains d’ici fin mars s’ils n’acceptaient pas l’offre du gouvernement de 3'500 dollars ainsi qu’un billet pour quitter le pays. La plupart de ces réfugiés viennent d’Érythrée et du Soudan et sont arrivés illégalement en Israël, via l’Égypte. Les défenseurs des demandeurs d’asile, que Netanyahu qualifie d’«infiltrés», affirment que la vie de ces migrants sera menacée si on les oblige à quitter l’Israël. Le Premier ministre a spécifié qu’Israël, en tant que pays souverain, avait le droit et l’obligation de se protéger contre l’immigration clandestine.

Héberger les migrants clandestins

Sarah Silverman a dévoilé son projet mardi 16 janvier, lors d’une conférence organisée par l’organisation israélienne des rabbins pour les droits de l’homme. Intitulé «Mouvement du droit d’asile ecclésiastique de la maison d’Anne Frank», ce plan fait appel aux quelque 200 membres de l’organisation. Il leur demande d’héberger les demandeurs d’asile dans le cas où le gouvernement donnerait suite à son plan d’expulsion.

La famille d’Anne Frank, l’auteure du journal, avait été hébergée par des chrétiens avant d’être déportée vers un camp de concentration nazi, où tous sont morts sauf le père. «L’idée n’est pas nouvelle. Et pendant longtemps, les Juifs qui se trouvaient dans des endroits dangereux ont été protégés. C’est à notre tour maintenant», a expliqué Sarah Silverman à RNS. «Aujourd’hui, nous avons notre propre état. Nous avons le pouvoir et la capacité de protéger l’étranger, comme ordonné dans la Torah à 36 occasions».

Sarah Silverman a souligné avoir préparé, avec son équipe, une liste de rabbins, de congrégations, de centres d’études et de kibboutz prêts à accueillir les migrants. «En tant que rabbin et en tant qu’être humain, je suis appelée à offrir l’asile. Le fait que le gouvernement israélien projette de déporter des milliers de personnes signifie que notre société s’est complètement trompée dans ses priorités. Si on m’avait dit par le passé que les choses se passeraient ainsi, je n’aurais jamais pu croire qu’un État juif envoie des réfugiés désespérés à leur mort. C’est notre responsabilité d’empêcher que cela arrive».