L’Eglise protestante se divise sur les formes d’un éventuel statut de membre

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L’Eglise protestante se divise sur les formes d’un éventuel statut de membre

27 novembre 2017
Le synode de l’Eglise protestante allemande a voté un programme prévoyant de repenser le statut de membre et de s’engager davantage dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Photo: Lever de soleil sur Bonn CC(by-nc)Matthias Zepper

Bonn (EPD/Protestinter). Au lendemain du 500e Jubilé de la Réforme, l’Eglise protestante veut adopter des chemins nouveaux. «De nouveaux formats attractifs et des structures intelligentes» devraient contribuer à approfondir le dialogue avec la société entière, peut-on lire dans un document d’orientation voté mi-novembre à Bonn par le Synode de l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD) en conclusion de sa réunion annuelle. Les autres décisions qui en sont ressorties: un appel pour une réaffirmation de la lutte contre le réchauffement climatique en Allemagne et une plus grande générosité dans le regroupement familial pour les réfugiés. Le Synode a également débloqué de l’argent supplémentaire en vue de couvrir le déficit entraîné par les cérémonies du Jubilé de la Réforme.

D’après le Synode, il tombe sous le sens de chercher à «réfléchir davantage à des formes complémentaires ou alternatives de participation à la vie religieuse ou d’affiliation à l’Eglise». «La mission biblique ne conditionne pas l’appartenance à la communauté des croyants au versement de l’impôt ecclésiastique», a déclaré le président du Synode Irmgard Schwaetzer lors du débat animé autour du document, qui a finalement été adopté avec une abstention. Une invitation à réfléchir également explicitement à un statut de membre de l’Eglise sous une toute nouvelle forme a été supprimée de la proposition de résolution, à la demande de la majorité.

En marge des délibérations, le vice-président Klaus Eberl avait évoqué un «besoin de nombreuses personnes de commencer par s’essayer à la pratique religieuse». Ceci dit, un statut de membre «par échelons» poserait des questions fondamentales, notamment vis-à-vis de la levée de l’impôt ecclésiastique et du caractère contraignant ou non de l’appartenance à une Eglise.

Jusqu’à la fin du mois d’octobre, l’Eglise protestante a célébré les 500 ans de la Réforme. En 1517, Martin Luther (1483-1546) avait publié ses 95 thèses contre les abus de l’Eglise de son temps, qu’il aurait, selon le récit traditionnel, affichées le 31 octobre à la porte de l’église du château de Wittenberg. Cet affichage des thèses est considéré comme le point de départ d’un mouvement de réforme mondial, lequel a entraîné la séparation des Eglises protestante et catholique.

La réunion du Synode a été l’occasion de souligner qu’à l’occasion des cérémonies, des offres sortant de l’ordinaire ciblant des endroits particuliers avaient contribué à atteindre également des personnes éloignées de l’Eglise. «Parmi les bénéfices du Jubilé, beaucoup sont encore à identifier», peut-on lire dans la résolution globale. Pour s’en faire une meilleure idée, le Parlement de l’Eglise souhaite former une équipe de coordination en collaboration avec le Conseil de l’EKD et la Conférence des Eglises, où sont représentées les 20 Eglises régionales.

Le Synode a débloqué à Bonn une somme d’argent supplémentaire en vue du financement des cérémonies. Selon les décisions budgétaires, au total, l’Eglise protestante va de nouveau débourser jusqu’à douze millions d’euros. Les raisons à cela: une baisse des ventes de billets et des fonds générés par le sponsoring, ainsi que des dépenses de sécurité plus importantes et non anticipées. Ce n’est qu’en cours d’année prochaine qu’on saura précisément si l’ensemble de la somme sera nécessaire pour couvrir le déficit. L’EKD avait initialement prévu un budget de 30 millions d’euros pour l’essentiel des manifestations, comme l’exposition universelle et le Kirchentag à Berlin et à Wittenberg.

Le Synode exige un engagement plus ambitieux des politiques dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le Parlement de l’Eglise a réclamé du gouvernement fédéral un plan d’urgence pour la protection de l’environnement pour les années 2018 à 2020 afin d’arriver enfin à une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre, objectif jusqu’à présent resté lettre morte. Ce plan devrait inclure la fermeture socialement soutenable de toutes les centrales à charbon d’une durée de vie supérieure à 30 ans, poursuit la résolution. Le Synode réclame en outre davantage d’efforts dans le développement des énergies renouvelables et une aide financière à destination des pays pauvres confrontés à des pertes et dommages liés au changement climatique.

Pour ce qui est du débat actuellement en cours sur le regroupement familial pour les réfugiés, le Synode a proposé de permettre de faire venir des parents proches dans le cadre des voies légales prévues pour les personnes vulnérables. La grande coalition «noir-rouge» a suspendu le regroupement familial pour le groupe des protégés subsidiaires, ce qui concerne principalement les Syriens. Cette réglementation, qui court jusqu’en mars 2018, continuera-t-elle à s’appliquer par la suite? La question fait débat parmi les partis actuellement en cours de négociations à Berlin. Le Parlement de l’Eglise a préconisé d’autoriser à nouveau les réfugiés à faire venir leurs proches auprès d’eux.