Cultes plus courts et statut de membre à l’essai: des pistes à explorer
Photo: L'église de Römhild en Turinge CC(by-nc) pilot_micha
Bonn (EPD/Protestinter) 500 ans après le début de la Réforme, l’Eglise protestante en Allemangne (EKD) ressent le besoin de profonds changements. Durant son synode qui s’est tenu la semaine passée, du 12 au 15 novembre à Bonn, elle a entamé un processus de discussion sur la capacité de l’institution à aller vers l’avenir dans une société séculière et plurielle dans laquelle l’EKD perd de son importance et dans laquelle, le nombre de fidèles baisse. L’objectif est de tirer parti de l’élan créé par le Jubilé, à présent clos, pour déclencher des réformes. Des changements concrets s’annoncent pour l’organisation des cultes et dans une pratique religieuse souvent considérée comme trop figée.
Les cultes doivent devenir plus courts, plus professionnels et plus conviviaux, a déclaré avant le synode le sociologue des religions Detlef Pollack. Nombre de personnes ont d’autres occupations le dimanche matin, qui peuvent être plus importantes à leurs yeux: le culte ne doit donc pas dépasser 50 à 60 minutes. Le format principal de l’offre religieuse se rapproche de plus en plus d’une réunion destinée aux initiés, mais il conserve un important potentiel de mobilisation: 60% des personnes qui se rendent à l’église au moins une fois par mois y ont aussi un engagement bénévole.
Globalement, Detlef Pollack constate une «faible demande de religieux» dans les sociétés occidentales séculières. Le plus gros problème de l’Eglise est aujourd’hui le fait que la foi et les institutions religieuses ne sont plus si importantes aux yeux des gens: «Ils ont d’autres priorités», a déclaré cet intellectuel exerçant à l’Université de Münster. C’est pourquoi l’Eglise doit faire vivre le sens de la religion et de «l’infini» au sein de la société, ainsi que chercher à rendre la question de Dieu réellement cruciale du point de vue du public.
L’historien de Bochum, Lucian Hölscher conseille à l’Eglise de ne considérer la société séculaire ni comme un adversaire de la chrétienté ni comme un champ d’application neutre pour sa mission, mais plutôt comme une altérité qui a quelque chose à apporter aux institutions religieuses. Nombre d’individus et d’organismes séculiers soutiennent les Eglises, car ils partagent avec elles une infinité de préoccupations. De leur côté, elles doivent être prêtes à s’engager dans des débats sur les valeurs et les fondements de la vie en communauté.
La politologue et journaliste catholique Christiane Florin a appelé à porter un regard éveillé sur la société et à cultiver un œcuménisme «chargé d’un véritable sens». Dans les deux Eglises majoritaires, il n’existe que peu de lieux où discuter du contenu d’un message pourtant si souvent invoqué: «La question de ce qu’on croit vraiment est un thème qui n’est que très peu abordé». Elle met en garde les Eglises contre la tentation de se croire «autosuffisantes», tout comme la surestimation de leur propre pluralisme. Les deux pôles opposés ne sont plus «protestant» et «catholique», mais «libéral» et «conservateur».
A l’occasion de leur assemblée annuelle, qui durera jusqu’à mercredi, les 120 membres du Parlement de l’Eglise doivent mettre au point une déclaration censée donner l’impulsion pour d’éventuels changements. Les réflexions de la présidence du synode sur son sujet prioritaire, «Aborder l’avenir sur de bonnes bases», comprennent des thèses et des questions touchant à la communication et aux opportunités d’implication au sein de l’Eglise protestante.
Concrètement parlant, on se demandera par exemple si les règles touchant à l’appartenance à une Eglise doivent être redéfinies pour permettre «une plus grande diversification». Cela se justifierait par «le besoin que ressentent de nombreuses personnes de commencer par “s’essayer” à la pratique religieuse», a déclaré Klaus Eberl, le vice-président du synode de l’EKD. Ceci dit, une appartenance fonctionnant «par échelons» pose des questions fondamentales, notamment vis-à-vis de la levée de l’impôt ecclésiastique et du caractère contraignant ou non de l’appartenance à une Eglise.